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Whispering Sons, The (not so) Great Calm

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Un mois après sa sortie, le troisième album de Whispering Sons continue de dévoiler ses multiples joyaux, écoute après écoute. Plus sombre et exigeant que les précédents, “The Great Calm” n’en demeure pas moins un excellent disque que le groupe emmené par Fenne Kuppens a choisi de présenter dans des salles de capacité moyenne. L’Orangerie du Botanique était sur leur route, sans surprise sold out depuis des lustres.

Pour cette mini tournée, ils ont choisi de varier les premières parties. Ils ont donc puisé dans leur volumineux carnet d’adresse et sélectionné des artistes confirmés (Maze au Cactus), en passe de l’être (The Christian Club à De Roma, Pursses au Reflektor) et émergents comme Lézard ce soir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe articulé autour de Viktor De Greef, genre de grand dadet élancé et de Myrthe Marnef, féline choriste à la coiffure afro n’a pas laissé passer l’occasion de conquérir des spectateurs déjà présents en nombre.

Puisant leurs influences dans le post-punk arty carré de la fin des seventies (Devo, Wire), ils vont s’acquitter d’un set frénétique qui prendra par moments des colorations groovy chères à Talking Heads. Ajoutons-y quelques incursions dans l’univers fantasque des B-52’s via notamment les pertinents cris sporadiques de la demoiselle susmentionnée et vous avez tous les ingrédients d’un cocktail énergisant dont le seul bémol aura été de ne pas avoir été commandé durant les happy hours.

Notre première rencontre avec Whispering Sons date de juin 2016 dans cette même salle en première partie de DIIV. À l’époque, les Limbourgeois d’origine et Bruxellois d’adoption venaient tout juste de remporter le Humo Rock Rally et n’avaient à leur actif qu’un EP publié quelques mois auparavant, “Endless Party”. Presque huit années plus tard, ils sont devenus un incontournable porte-drapeau de la scène noire jaune rouge, multipliant les prestations dans des salles de plus en plus grandes et les festivals de plus en plus prestigieux, s’imposant également à l’étranger (peu de groupes belges peuvent se targuer d’avoir joué à Hyde Park).

Ils ont sorti en février dernier “The Great Calm”, un troisième album qui, contrairement à son titre, ne s’est pas apparenté à un long fleuve tranquille. En tout cas d’un point de vue line-up puisque le claviériste Sander Hermans à quitté le groupe, générant la fin d’une partie de chaise musicale entamée en 2021 par le retrait pour raison médicale du batteur Sander Pelsmaekers (qui est toutefois resté à leurs côtés en tant que tour manager). Le bassiste Tuur Vandeborne est alors passé derrière les fûts et son rôle a été repris par Bert Vliegen (le leader de Teen Creeps). Aujourd’hui, Sander l’ex-batteur est rétabli mais pas encore suffisamment que pour reprendre les baguettes et se retrouve derrière les claviers de l’autre Sander. La boucle est donc bouclée.

Entamée par un mélancolique “Balm (After Violence)” aux nappes de piano tristounettes, leur prestation va déjà monter en puissance dans la foulée via un excellent “Standstill” en crescendo. Sinistre à souhait, cette plage d’intro du nouvel album englobe les atmosphères sombres qui le parsèment. Pas étonnant lorsque l’on sait qu’il a en partie été enregistré en plein hiver sur l’île hollandaise de Vlieland, quasi déserte en cette période de l’année. Ils ont dès lors eu tout le loisir de peaufiner des compositions sur lesquelles la guitare de Kobe Lijnen prend une place prépondérante. Une guitare post-punk saccadée qui illuminera l’hypnotique “Something Good”, premier sommet d’une soirée qui gagnait tout doucement en intensité.

Un morceau sur lequel Fenne Kuppens, jusque-là assez retenue, adoptera enfin cette attitude théâtrale qui lui sied à merveille. Elle deviendra même carrément dingue sur un “Dragging” à donner des frissons. On le voit, le groupe est d’abord et avant tout là pour défendre ses nouveaux titres et les spectateurs non avertis pouvaient sembler surpris de leur direction, davantage underground ou en tout cas moins évidente d’accès. Intelligemment, ils ouvriront une parenthèse à leur attention pendant laquelle les mouvements déstructurés de la chanteuse illustreront un “Heat” parfaitement en place et un “Hollow” devenu bien puissant. Le fait que l’ami Tuur (qui s’est laissé pousser les cheveux tel un rockeur) officie désormais derrière un vrai kit de batterie n’y est sans doute pas étranger.

L’exploration de “The Great Calm” se poursuivra alors de plus belle dans un registre à la fois retenu et enlevé (“Poor Girl”) ou glacial (le bien nommé “Cold City” sous un spot blanc malaisant). Mais le plus surprenant sera sans doute ce décontenançant “Still, Disappearing” alliant piano et… saxophone. On pointera encore un “Loose Ends” noisy stoppé net par un souci technique et “The Talker”, déstabilisant premier single plus post-punk que ça tu meurs dévoilé l’automne dernier en prémices de trois dates intimistes pour tester quelques nouveautés. Parmi celles-ci, “Walking, Talking” nous avait déjà tapé dans l’oreille et ce soir, il nous laissera sans voix, soutenu par une basse et des nappes synthétiques plus qu’entêtantes…

On pensait qu’un “Surface” unanimement acclamé serait synonyme de fin de set principal mais ils nous surprendront en choisissant un ultime nouveau titre rageur à souhait, “Try Me Again”. Peu ou pas de surprises en revanche concernant les rappels ou en tout cas le titre qui les bouclera, “Waste”, toujours aussi patiemment construit et prenant au possible. Juste avant, un tribal “Flood” et un coloré (par rapport au reste de la set-list) “Alone” complèteront une prestation impeccablement rôdée. Place désormais à une tournée européenne avant la saison des festivals (Werchter, Cactus, Rock Herk…) et la grande salle de l’AB le 13 décembre en apothéose d’une année entamée sous les meilleurs auspices.

SET-LIST
BALM (AFTER VIOLENCE)
STANDSTILL
SOMETHING GOOD
DRAGGING
SATANTANGO
HEAT
HOLLOW
POOR GIRL
COLD CITY
STILL, DISAPPEARING
LOOSE ENDS
THE TALKER
WALKING, FLYING
SURFACE
TRY ME AGAIN

FLOOD
ALONE
WASTE

Organisation : Botanique

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