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Festival d’Art de Huy, édition 2022 : Troisième soirée, la soirée des voix et des cordes !

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Pour une fois le titre de mon article m’a été soufflé à deux reprises tout d’abord par Emmanuelle Greindl lors de la présentation de cette troisième soirée mettant en évidence pour les deux prestations à l’Espace Saint-Mengold la force vocale et l’omniprésence des instruments à cordes justement ensuite et en fin de soirée, c’est mon ami Jean-Luc Goffinet (photographe du festival) qui m’a rappelé les deux mots clés (le fil rouge en fait de la soirée) lorsque je cherchais moi-même l’inspiration…rendons à César ce qui est à César.

Ana Carla Maza : une pétillante joie de jouer et de chanter !

Emmanuelle avait bien raison de nous présenter la violoncelliste/chanteuse cubaine Ana Carla Maza comme un véritable rayon de soleil car ce soir, cette généreuse artiste a littéralement rayonné sur scène et jusque dans le public mais en fait, Ana est en réalité un petit bout de femme pétillante et pleine de fraîcheur capable de donner sans retenue et surtout de faire éclater sur scène tout son potentiel. Voilà une artiste qui maîtrise à la perfection son instrument de prédilection, jouant selon toutes les techniques possibles utilisant les doigts ou le plat de la main sans oublier bien sûr l’archè pour faire vibrer et résonner les cordes de son instrument. Un archè qu’elle fait à la fois glisser sur les cordes pour construire une mélodie mais, qu’elle utilise aussi en frappant ses cordes pour donner du rythme à sa chanson. Carla est une très grande violoncelliste ayant suivi les cours de violoncelle classique à l’Académie de Paris puis à La Sorbonne d’ailleurs à son niveau, l’on peut clairement parler de virtuose mais ce petit bijou, est aussi une grande chanteuse avec son timbre de voix chaleureux qui, nous embarque et nous emporte vers son pays natal et toute l’Amérique Latine. Une artiste capable de maîtriser plusieurs langues comme celle de Molière lorsqu’elle nous interprète une chanson sur son amoureux parisien ou, lorsqu’elle nous présente le thème et la genèse de chaque partie de son répertoire. Ce dernier voguant entre le jazz et les rythmes chaloupés sud-américains (Bossa Nova, Tango…) tout ici est joué avec cœur au sein d’une prestation où, la jolie artiste s’offre sans retenue à son public pour faire corps avec lui au point qu’à un certain moment, l’émotion la gagne et lui fasse verser quelques larmes tellement le retour que lui offre le public est grand mais à la mesure de son exceptionnel talent.

Ana Carla Maza c’est surtout une véritable explosion d’énergie (merci Emmanuelle pour ce mot clé) capable de s’enflammer et d’enflammer le public le poussant à chanter avec elle sans compter sur le fait car plusieurs reprises, elle quittera son siège pour jouer debout et venir chanter au plus près de l’avant-scène. En fin de concert l’artiste cubaine fera lever toute l’assistance pour chanter une dernière fois avec elle prouvant ainsi, la construction d’un lien fort avec son public qui le lui a bien rendu ce soir. Ana c’est une explosion de couleurs et de chaleur au sein d’un très bel exercice artistique où, ses cordes et sa voix démontrent à tout un chacun un potentiel haut-perché d’ailleurs, c’est pour elle près de 120 concerts qui rythmeront son année 2022…c’est amplement mérité pour quelqu’un qui s’impose une discipline et une rigueur dans son art…profil bas mademoiselle !

Ana Carla Maza : chant, violoncelle

https://www.facebook.com/AnaCarlaMazaCello

https://www.facebook.com/anacarlamaza

Kora baroque : la subtilité de la voix et des cordes !

Des voix et des cordes il en sera encore question pour le dernier concert de ce vendredi soir, avec un projet atypique à l’alchimie musicale improbable comme on les aime au Festival d’Art de Huy d’ailleurs, ce genre de concept auquel personne n’aurait cru est souvent sortir de terre à l’occasion justement de ce merveilleux festival. Ici c’est en amont de l’évènement que c’est produit une rencontre inattendue, née du souhait de la chanteuse baroque Céline Scheen (que j’avais rencontré lors de conférence de presse) qui souhaitait un jour chanter en compagnie d’un joueur de Kora, instrument à cordes originaire d’Afrique de l’Ouest et joué de tradition par les griots…des conteurs et musiciens allant de village en village. C’est un certain Gabriel producteur actuel du projet qui va mettre en relation la chanteuse lyrique avec d’une part le joueur de kora Mamadou Dramé (Sénégal) et d’autre part, Karim Baggili grand musicien (guitare acoustique, Oud) et arrangeur de renom, figure emblématique du festival et des musiques du Monde et concepteur de multiples projets. Le trio idéal d’autant plus que l’alchimie entre les artistes s’est faite naturellement comme nous l’a expliqué Céline puisqu’ils étaient sur la même longueur d’onde, concernant la mélodie et le rythme à insuffler au sein d’un répertoire hétérogène (chansons baroques, musique traditionnelle, chanson d’amour…), les arrangements étant réalisés au millimètre par un Karim manifestement comme toujours inspiré.

Une magie musicale je devrais dire qui opère d’entrée de jeu grâce au jeu subtil et précis des instruments à cordes et au chant lyrique de haut-vol, l’ensemble offrant effectivement au public un mariage musical étonnant et réussi. Ce soir trois grands artistes nous font l’honneur de jouer et de chanter pour nous, écoutez cette dextérité à la kora ou encore cette fluidité à la guitare pour un remarquable travail des cordes qu’ils nous fait féliciter comme il se doit et que dire de la voix, cette voix qui enchante et monte loin tout là-haut où l’exercice vocal relève de la prouesse et de l’exploit dû là-aussi à un dur labeur et à une rigueur de chaque instant. N’oublions pas de préciser que nos deux musiciens prennent le temps nécessaire pour réaccorder leur instrument respectif entre les compositions la chaleur étant un facteur influent sur la tension mais comme la précisé Céline, la kora considérée comme la harpe africaine ne comporte pas cependant toutes les notes donc, Mamadou s’attèle alors à régler précisément toutes les petites clés situées sur le manche de sa kora pour pouvoir jouer le morceau suivant. A ce niveau c’est tout simplement de l’art avec un grand A, une véritable caresse pour les oreilles et donc pour les puristes, grâce justement à un jeu enjoué et pointu aussi bien des instruments que de la voix. Comme je l’ai écrit lors d’un précédent article, le Festival d’Art est un perpétuel voyage de l’esprit et du corps et ce soir, le concept Kora baroque nous aura fait une nouvelle fois voyager très loin à travers cette magnifique prestation d’un projet ô combien généreux ! Un grand merci à vous…

Kora baroque
Karim Baggili (guitare, arrangements)
Céline Scheen (chant)
Mamadou Dramé (kora)

Pour le plaisir, la kora de Mamadou Dramé

Pour l’organisation :

https://www.facebook.com/festivaldartdehuy

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