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ALL THEM WITCHES – Nothing as the ideal

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Formé à Nashville le 6 janvier 2012, jour de l’Epiphanie, All Them Witches sort son premier album ʺOur mother electricityʺ le 6 décembre 2012, jour de la Saint-Nicolas. Autant dire que Ben McLeod (guitare et chant), Robby Staebler (batterie), Michael Parks, Jr. (chant et basse) et Allan Van Cleave (claviers) n’ont pas perdu de temps pour composer leur premier album, qui s’est révélé tout à fait formidable et d’une grande maturité. C’est l’excellent label allemand Elektrohash (tenu par Stefan Koglek, maître à penser et artificier en chef des stoneux de Colour Haze) qui met en vente ce premier album en Europe. Les hommes d’All Them Witches ont des références. Ils sont allés payer leur tribut aux grands anciens (Black Sabbath, Granicus, Magi) et aux plus récents (Kyuss, Brant Bjork, Fu Manchu, Queens Of The Stone Age, Them Crooked Vultures) pour formuler leur propre conception du stoner. All Them Witches a également des références cinématographiques, puisque son nom est inspiré du titre d’un livre que Mia Farrow lit dans “Rosemary’s baby”, au moment où elle découvre que ses voisins de palier sont des sorciers qui n’ont d’autre préoccupation que de lui faire engendrer le propre fils du démon. Suivront alors les non moins excellents ʺLightning at the doorʺ (2013), ʺDying surfer meets his makerʺ (2015), ʺSleeping through the warʺ (2017) et ʺATWʺ (2018), sortis sur New West, une maison californienne qui a vite compris qu’All Them Witches devait rester dans le patrimoine culturel américain et sortir bien vite des griffes des Allemands.

Le credo stoner et heavy blues d’All Them Witches est inaltérable depuis les débuts du groupe. Le nouvel album ne semble pas déroger à la tradition, mais s’inscrit-il vraiment tout à fait dans cette ligne? Il apparaît qu’All Them Witches (devenu un trio depuis le départ du claviériste Allan Van Cleave en 2018) ait profité de ce retour à la formule du power trio pour alourdir son style, passant insensiblement de l’influence Led Zeppelin à celle de Black Sabbath. Les débuts très métalliques de l’album, illustrés par les titres ʺSaturnine & iron jawʺ et ʺEnemy of my enemyʺ situent les propos directement dans la chaufferie du studio. Puis, tout comme le faisait Black Sabbath sur ses albums des années 70, le trio nous glisse une petite ballade instrumentale à connotation médiévale (ʺEverestʺ), histoire de refroidir un peu les tympans.

La suite des morceaux, ou plutôt leur agencement, ne tarde pas à nous faire comprendre qu’All Them Witches s’est dispersé dans des directions multiples, ce ʺNothing as the idealʺ prenant la tournure d’un collage de chansons aux ambiances hétéroclites. Le groupe est convaincant sur tous ces genres, que ce soit dans la gigantesque marche psychédélique de ʺSee you next fallʺ et de ses dix minutes, dans la ballade désertique ʺThe children of Coyote womanʺ, tout simplement grandiose de finesse et de sensibilité, ou dans le surprenant ʺ41ʺ, associant rythmique ralentie et riffs métalliques sur lit de voix rêveuses. ʺLights outʺ est peut-être la pièce la plus facile du puzzle, avec son heavy metal percutant et martial, comme un léger goût de Ghost quelque part. All Them Witches parvient cependant à ajouter un semblant de douceur avec la voix toujours calme de Michael Parks et quelques glissandos subtils de guitare. Le dernier morceau ʺRats in ruinʺ réserve aussi son lot de surprises, avec une tendresse psychédélique habitant ce titre bluesy de plus de neuf minutes, qui semble s’envoler et disparaître dans un éther de grâce nuageuse avant de redescendre en puissance sur une coulée de riffs massifs et mélancoliques, dans un esprit purement Seventies.

Prises individuellement, toutes ces chansons d’All Them Witches sont superbes et intéressantes. Mises ensemble, elles aboutissent à un album qui semble peu cohérent de prime abord, tenté à la fois par le métal et le rock psychédélique. Mais les écoutes successives parviennent à faire émerger cet esprit musical propre à All Them Witches, qui est ici en quelque sorte à une croisée de chemin, entre le rock affirmé du précédent album et une curiosité envers de nouvelles voies. Sans doute avons-nous ici un album de transition, qu’il ne faudrait cependant pas négliger.

Le groupe :

Ben McLeod (guitare et chant)
Robby Staebler (batterie)
Michael Parks, Jr. (chant et basse)

L’album :

ʺSaturnine & Iron Jawʺ (6:49)
ʺEnemy of My Enemyʺ (3:30)
ʺEverestʺ (2:07)
ʺSee You Next Fallʺ (9:50)
ʺThe Children of Coyote Womanʺ (3:36)
ʺ41ʺ (5:20)
ʺLights Outʺ (3:13)
ʺRats in Ruinʺ (9:11)

https://allthemwitches.bandcamp.com/album/nothing-as-the-ideal
https://www.facebook.com/allthemwitches/

Pays: Us
New West Records
Sortie: 2020/09/04

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