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ALL THEM WITCHES – Our mother electricity

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Il eut été dommage de laisser perdre cette perle dans la nature. Les hommes d’All Them Witches avaient déjà cet album complet dans leurs valises depuis près d’un an mais l’absence d’un label sérieux pour en faire une diffusion correcte menaçait “Our mother electricty” d’une chute inéluctable dans les limbes de l’oubli.

Les choses se rétablissent enfin avec la publication par la maison Elektrohasch de ce premier album de ce trio de Nashville, qui nous a concocté un stoner rock nourri au plutonium et à l’herbe de bison, magnifiquement résumé en neuf titres lourds et aériens à la fois, qui vont vous zeppeliner la cervelle, vous hendrixer le lobe frontal et vous kyusser l’hypophyse, avec cependant une place offerte à la douceur et à l’émotion.

Elektrohasch est bien connu pour être le label monté par Stefan Koglek, maître à penser et artificier en chef des stoneux allemands de Colour Haze. On est donc en plein dans ce style granitique et cosmique qui vous rabote l’inconscient et vous propulse dans un grand huit sidéral avec All Them Witches. Ben McLeod (guitare et chant), Robby Staebler (batterie et percussions) et Michael Parks Jr. (basse et chant) sont allés payer leur tribut aux grands anciens (Black Sabbath, Granicus, Magi) et aux plus récents (Kyuss, Brant Bjork, Fu Manchu, Queens Of The Stone Age, Them Crooked Vultures) pour formuler leur propre conception du stoner.

Et ça arrache un tantinet, c’est le moins qu’on puisse dire. Dès les premières notes de l’album, All Them Witches rejoint la scène de la nouvelle vague du psychédélisme lourd et du blues rock tranchant, façon Ty Segall ou Radio Moscow. L’écrasement implacable de la cymbale charleston et les énormes coups de boutoir qui disloquent la grosse caisse sur “Heavy like a witch” trouvent l’appui de la guitare qui émet des ondes minérales et telluriques. Le respect s’impose d’entrée de jeu et les choses se confirment sur “The urn”, blues sudiste carnassier et glissant. Les stridences groovy de la guitare sur “Bloodhounds” et les ambiances tranquilles et enfumées de “Guns” cachent un don peu commun du groupe pour tailler un blues lourd aux reflets stoner pertinents.

Mais All Them Witches n’est pas limité à la sidérurgie astrale. Son blues “Elk. Blood. Heart” vient convoquer Neil Young dans ses aspects les plus touchants et les plus déchirés. Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas entendu un mid-tempo aussi fort, aussi poignant. Ça sonne complètement seventies mais quand c’est beau, c’est intemporel. “Easy” est également une ballade toute douce et romantique qui fera pleurer jusqu’au dernier moudjahidin combattant dans les montagnes afghanes. La troisième ballade dylanesque “Family song for the living” est également bien gentille mais elle commence peut-être à charger un peu trop la barque du larmoiement.

Les bougres se rattrapent néanmoins en nous faisant danser avec un heavy psych funkysant du genre “Until it unwinds”, huit minutes invraisemblables faisant onduler l’orgue Hammond, cracher une guitare fuzz rehaussée de bottleneck et faisant alterner délires planants et anxiété électrique. Lynyrd Skynyrd rencontre Hawkwind, en quelque sorte, tout simplement fascinant. On se finit avec un “Right hand” qui inquiète par ses débuts un peu langoureux mais qui sait placer des montées en puissance salvatrices à coups de guitares sauvages et débridées. Certes, ce morceau conclut une deuxième partie d’album un peu plus sage que les quatre premiers morceaux, mais la force évocatrice et les références musicales du groupe sont imparables.

Encore une fois, All Them Witches revisite l’art et la technique du heavy rock des années 70 et en cela, il n’explore rien d’inconnu. Mais il le fait si bien et si fort qu’on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme. Pourvu qu’ils passent un de ces jours en Europe, ça doit vraiment valoir le coup sur scène.

Pays: US
Elektrohasch 159
Sortie: 2013/02/15

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