ENUFF Z’NUFF – Brainwashed Generation

Ca y est, les vétérans d’Enuff Z’nuff font leur crise anti-jeunes. Ils représentent sur leur nouvel album ʺBrainwashed generationʺ une bande de jeunes crétins à casquette, le regard perdu dans la sempiternelle consultation de leur téléphone portable, au pied d’un arbre où le signe de la paix semble complètement coincé et menacé par des orages. Tout cela histoire d’instiller le message que la nouvelle génération au cerveau rincé par des monceaux de bêtises virtuelles ne défendra pas le monde des dangers qui le menacent, parce qu’il faut commenter sur Tweeter la couleur de la nouvelle robe de Nabila. Bref, les vieux se rebiffent et traitent les jeunes de dégonflés en se disant que ce qu’il faudrait en ce moment, c’est une bonne guerre, comme le disaient nos grands-parents quand ils s’en prenaient à nos looks impossibles et nos heures passées devant la télé à regarder des séries américaines.

Pourtant, les hommes d’Enuff Z’nuff ne semblent pas si marqués que ça par la sénilité, à l’écoute de leur dernier album, un ʺBrainwashed generationʺ qui leur redonne des couleurs. Il faut dire que depuis qu’il a signé sur le label Frontiers Music, le vieux groupe de Chicago, toujours animé par le bassiste Chip Z’nuff depuis 1984, est tombé dans une fontaine de jouvence où il a retrouvé une saine inspiration. D’abord glam metal à ses débuts, le groupe navigue maintenant vers des eaux plus pop, tout en continuant de charmer avec un petit côté heavy rock psychédélique.

On avait pu remarquer cet excellent état de santé sur le précédent album ʺDiamond boyʺ et on découvre ici qu’Enuff Z’nuff en a toujours sous le coude pour ce qui est de composer des chansons toniques tout en restant dans un registre rock lourd pas trop énervé mais magnifiquement classe. Le vieux Chip Z’nuff a même été rechercher un des ses premiers guitaristes, Alex Kane, qui avait fait partie du groupe en 1987-88, avant qu’Enuff Z’nuff ne sorte son premier album. Kane remplace ainsi Tony Fenelle, l’ex-Ultravox qui avait participé aux albums ʺClowns loungeʺ (2016) et ʺDiamond boyʺ (2018).

Sur ce nouvel album, Enuff Z’nuff continue d’explorer cette veine faite de rock en mid-tempo, bercé de la voix vaporeuse un peu stone de Chip Z’nuff et lorgnant lourdement vers des mélodies à la Beatles, tout en faisant penser au grunge cool des années 90, représenté notamment par Stone Temple Pilots. Le nouveau disque est une progression logique par rapport au précédent et tout ceci sonne délicieusement. Des harmonies vocales solides de ʺFatal distractionʺ aux grosses rythmiques bluesy de ʺWinding roadʺ, en passant par quelques pépites comme ʺI got my money where my mouth isʺ ou les excellents ʺDrugland weekendʺ et ʺGo…ʺ, Enuff Z’nuff montre qu’il a considérablement évolué au fil des ans et qu’il maîtrise maintenant les codes d’un rock lourd psychédélique pas trop violent, entre stoner, glam rock et power pop, tout à fait sympathique et attachant. Cerise sur le gâteau, Chip Z’nuff a également convoqué quelques figures en les invitant à intervenir par-ci par-là sur quelques morceaux. C’est ainsi qu’on retrouve Mike Portnoy imitant Ringo Starr sur ʺIt’s all in vainʺ, Daxx Nielsen (le fils du grand Rick Nielsen de Cheap Trick) venant aussi tapoter du tambour sur quatre titres, Steve Ramone à la guitare, Brian Ray (accompagnateur guitare de Paul McCartney) ou le légendaire Ace Frehley (ex-Kiss).

Il va falloir remettre Enuff Z’nuff sur la liste des groupes à ne pas perdre de vue car là, il y a des choses à ne pas rater et du plaisir sonore à prendre.

Le groupe :

Chip Z’nuff (basse et chant)
Tory Stoffregen (guitare)
Alex Kane (guitare)
Dan Hill (batterie)

L’album :

ʺThe Gospelʺ
ʺFatal Distractionʺ
ʺI Got My Money Where My Mouth Isʺ
ʺHelp I’m In Hellʺ
ʺIt’s All In Vainʺ
ʺStrangers In My Headʺ
ʺDrugland Weekendʺ
ʺBroken Loveʺ
ʺGo…ʺ
ʺWinding Roadʺ

https://www.facebook.com/EnuffZnuffOfficial/

Pays: US
Frontiers Music
Sortie: 2020/07/10