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PANAMA LIMITED JUG BAND – Panama Limited Jug Band

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Dans la Grande-Bretagne de la fin des années 60, de nombreuses orientations se dessinent dans le domaine musical. Après avoir découvert le blues noir américain, les Britanniques essaiment dans le rhythm ‘n’ blues, le courant mod, la northern soul et continuent d’explorer les racines du blues en lui insufflant une orientation plus électrique. Cette seconde vague du British Blues Boom succède vers 1967 au premier mouvement forgé vers 1962 par des pères fondateurs comme Alexis Korner, Graham Bond ou Cyril Davies. La seconde livraison se veut davantage blues rock (Savoy Brown, Chicken Shack, Fleetwood Mac) mais il est un groupe qui va résolument se lancer dans les origines les plus rurales et dépouillées du blues, le Panama Limited Jug Band.

Formé à Londres, ce groupe tire son nom d’une chanson de Bukka White qui évoque la ligne de chemin de fer reliant Chicago à la nouvelle-Orléans. C’est dans des wagons à bestiaux poussiéreux que se dissimulaient les bluesmen errants qui allaient de ville en ville gagner quelques sous dans les bars miteux du fin fond des Etats-Unis. Cette culture de la débrouille, du minimalisme et de la fête bon marché, on la retrouve chez la bande de hippies qui composent le Panama Limited Jug Band. Denis Parker (chant), Gary Compton (harmonica), Brian Strachan (guitare), Liz Hanns (chant), Pete Hozzell (chant), Ron Needes (mandoline), David Griffiths (basse) et Anne Matthews (chant) trouvent leur inspiration chez les vieux maîtres du country blues des années 20, Leadbelly ou Mississippi John Hurt. Alors que leurs contemporains électrifient le blues, ils remontent le fleuve à contre-courant et retrouvent les sonorités du skiffle, un genre en vogue à la fin des années 50 et popularisé par Lonnie Donegan.

Le groupe écume les clubs de l’est londonien, le Crawdaddy, le Colonel Barefoot’s Rock Garden et finit par se faire remarquer par l’inévitable John Peel, incontournable DJ de la BBC ayant compté dans l’émergence d’à peu près 90% des groupes anglais des années 60 et 70. Après une de ses fameuses émissions de radio, Panama Limited Jug Band signe sur le label Harvest et sort son premier album en septembre 1969. Sur ce disque éponyme, le groupe couche tout ce qu’il sait faire en matière de jug band blues, de skiffle, de bluegrass et de folk. On se croirait revenu en 1928, au milieu de ces instruments acoustiques martelés avec énergie et enrichis du chant parfois délirant de Liz Hanns et Anne Matthews. Banjo, kazoo ou washboard sont remis au goût du jour sur des morceaux comme “38 plug”, “Going to Germany” ou “Canned heat”, qui sont, comme tous les morceaux de l’album, des chansons traditionnelles du folklore américain réarrangées par le Panama Limited Jug Band.

Le caractère résolument anti-mode et contre-commercial de cet album aboutira à des ventes anecdotiques. Le Panama Limited Jug Band aura cependant l’occasion de commettre en 1970 un second album, réédité comme celui-ci par Esoteric Recordings. Le premier album est ici augmenté de deux titres bonus en provenance du premier single du groupe, passé inaperçu dans les charts comme l’album qu’il était censé promouvoir.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2435
Sortie: 2014/02/24 (réédition, original 1969)

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