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NAILED TO OBSCURITY – King Delusion

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La mélodie s’insinue partout, allez savoir pourquoi… La nature de l’homme est peut-être irrémédiablement vouée à dériver vers le romantisme à un moment ou à un autre, si bien que même les genres les plus radicaux du heavy metal finissent aussi par être gagnés par la mélodie. Cela donne parfois des résultats calamiteux (le metalcore), parfois des résultats où ça fonctionne une fois sur deux (le death mélodique) mais il arrive aussi que la “mélodisation” des genres brutaux se fasse avec une certaine pertinence. Exemple avec le doom metal, pas forcément le genre le plus coquet de la maison métal, mais qui peut devenir captivant quand on y ajoute une dose de mélodie. Mais là encore, cette opération de miction n’est pas à la portée de n’importe quel cuisinier. Cependant, avec Nailed To Obscurity, on peut considérer que la recette dégage un fumet bien agréable à humer.

Le secret dans tout cela, c’est le travail, tout comme en cuisine. Remettre sans arrêt l’ouvrage sur le métier, vérifier avec obsession les dosages, l’harmonie des sensations et la légitimité de son œuvre. Les Allemands de Nailed To Obscurity, avec leur douzaine d’années d’existence et leurs trois albums patiemment concoctés, sont arrivés à cet art de l’équilibre entre doom metal ursidé et maîtrise inspirée de la mélodie.

Fondé par le chanteur Alexander Dirks et les guitaristes Ian-Ole Lamberti et Volker Dieken en 2005, Nailed To Obscurity stabilise sa section rythmique en 2006-2007 avec l’arrivée de Jann Hillrichs (batterie) et Carsten Schorn (basse), qui partagent aussi leur temps dans le groupe Battue, un combo thrash/death metal de Basse-Saxe. Un premier album “Abyss” voit le jour en 2007 puis Alexander Dirks laisse sa place à Raimund Ennenga, également vocaliste du groupe Burial Vault. Avec ce dernier, l’album “Opaque” gagne en réputation et ouvre à Nailed To Obscurity les portes de festivals importants (Wacken Open Air en 2014, Summer Breeze en 2015) ainsi que quelques premières parties de choix pour des gros groupes comme Arch Enemy ou Paradise Lost.

Le groupe prend son temps pour composer et créer des morceaux cérémonieux et complexes. Quatre ans après “Opaque”, “King Delusion” sort des cimetières maudits de la région d’Esens en Basse-Saxe, le repaire des bourreaux rêveurs de Nailed To Obscurity. Puissance et majesté sont ce qui caractérise ce nouvel opus, qui dispense en un peu moins d’une heure huit morceaux à la rage feutrée, rythmée par des tempos pas excités pour deux sous mais dégorgeant un volume sonore massif et un chant d’ogre rhumatisant. Face à cette montagne, il n’y a plus qu’à rester modestement assis sur sa chaise et ingurgiter religieusement les grandeurs que sont “King Delusion”, “Protean”, “Memento” et surtout “Uncage my sanity”, longue pièce de douze minutes qui s’arme de patience pour décliner des atmosphères tantôt oppressantes, tantôt oniriques, avec des rythmes oscillant entre la marche sénatoriale et le petit trot de l’hoplite à l’armure scintillante.

Les hommes de Nailed To Obscurity pratiquent un doom progressif et mélodique qui pare le genre de lourds manteaux de soie cramoisie, à la façon d’un roi tourmenté et maladif. Une opportunité très intéressante se présente à Anvers le 25 mars 2017, puisque Nailed To Obscurity jouera au club Het Bos en ouverture de Primordial et Marche Funèbre. Cette date belge est la seule que Nailed To Obscurity fait actuellement en dehors de l’Allemagne. A ne pas rater, donc.

Pays: DE
Apostasy Records
Sortie: 2017/02/03

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