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WHITE LIES à l’AB, entre gris clair et gris foncé

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Le printemps a beau être de retour, c’est à une soirée sombre que nous conviait l’Ancienne Belgique ce mercredi 23 mars, puisque White Lies venait présenter au public belge son deuxième album, “Ritual”, dont la sortie a suscité quelques réactions mitigées de la part des fans de la première heure. Le trio londonien avait donc l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Et lorsque l’on parle de soirée placée sous le signe des ténèbres, on ne croit pas si bien dire puisque c’est Crocodiles qui a assuré la première partie de toute la tournée de White Lies. Une tournée qui s’achève aujourd’hui à Bruxelles, mais qui nous donne enfin l’occasion de voir en action le groupe californien dont le mur du son décoiffe déjà pas mal sur disque, comme le démontre “Sleep Forever”, une impeccable deuxième plaque sortie l’an dernier.

Ce soir, sur scène, ils seront impériaux, maîtrisant parfaitement un son noisy sans être agressif à l’oreille, axé sur des guitares saturées qui ne sont paradoxalement à aucun moment brouillonnes. Lorgnant davantage vers la noirceur de The Horrors que vers la froideur de A Place To Bury Strangers, leur univers fait penser à un Glasvegas dont le leader aurait opté pour la boxe et non pour le foot avant de devenir musicien. En effet, Brandon Welchez, le chanteur (et mari de Dee Dee des Dum Dum Girls, pour les friands d’infos people), ne tient pas en place une seconde (sauf quand il attrape une guitare) et ses lunettes de soleil lui donnent un look certain, même si les lumières sont pour le moins inexistantes.

Derrière lui, les baguettes et les claviers sont tenus par des filles qui n’ont pas froid aux yeux, alors que basse et guitares musclées sont gérées par des experts en la matière. Au final, une demi-heure de rock garage évolué d’une efficacité rare, qui aura convaincu tout le monde (sauf les photographes) et dont on retiendra particulièrement les incroyables “Mirrors” et “Hearts Of Love” ainsi que la plage titulaire du nouvel album, “Sleep Forever”.

White Lies avait déjà rempli l’AB, c’était en octobre 2009 et leur premier album,
To Lose My Life…
était alors en passe de devenir notre album de l’année. Ils ont ensuite récolté quelques awards et se sont enfermés en studio pour en ressortir début de cette année avec
Ritual
, un deuxième album plus travaillé, mais surtout moins spontané, ce qui a suscité une certaine polémique, malgré un succès commercial conséquent (N°3 dans les charts britanniques). Cela dit, si par malheur, ils avaient accouché d’un “To Lose My Life…” volume 2, on le leur aurait sans doute reproché également…

Introduit au son de la célèbre musique du film Orange Mécanique de Stanley Kubrick (que Sigue Sigue Sputnik avait également utilisée en 1986 pour leur single “Love Missile F1-11”), la prestation de ce soir va débuter avec “A Place To Hide”. Quelques rampes de spots disséminées ça et là illuminent une scène au set-up sobre. Harry McVeigh joue toujours de sa fameuse guitare en aluminium, au contraire de Jack Lawrence-Brown qui a troqué sa batterie transparente contre une autre, beaucoup plus conventionnelle. Le bassiste Charles Cave, quant à lui, s’est abondamment laissé pousser la barbe. Ils sont accompagnés par deux musiciens de tournée, comme ils en ont désormais l’habitude.

Durant une bonne partie de leur set, ils vont invariablement alterner un extrait du premier album et un du second, avec des fortunes diverses. Si la puissance d’“E.S.T.” et de “Farewell To The Fairground” enterre aisément la grandiloquence des récents “Peace & Quiet” et “Bad Love” (ce passage sera pour le moins pénible), il n’en sera toutefois pas systématiquement question. Ainsi, la voix du chanteur va flancher sur “To Lose My Life” (malgré tout repris en chœur par le public) alors que “Holy Ghost” et “Streetlights” feront tout sauf de la figuration. À l’instar d’“Is Love”, d’ailleurs, à l’interprétation bien plus musclée sur scène que sur l’album, et qui surpassera facilement la version réarrangée de “The Price Of Love”.

Bien entendu, lorsque l’on écrit très tôt dans sa carrière des bombes comme “Death” et “Unfinished Business” (qui exploseront respectivement en clôture du set principal et en démarrage des rappels), il ne faut pas s’étonner que certains fassent la fine bouche. On ne peut pas leur donner tort pour “The Power & The Glory” (définitivement un peu trop Tears For Fears à notre goût). En revanche, “Bigger Than Us” sera un des moments les plus électriques de la soirée, et fonctionnera particulièrement bien. Malgré quelques moments plus faibles, leur prestation ne mérite certainement pas d’être démolie sans aucune autre forme de procès. Leur état dépressif s’est visiblement amélioré et ils partagent désormais une vision plus euphorisante de leur quotidien. Curieux de voir ce que cela peut donner sous le soleil de Werchter cet été…

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