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FOALS à l’AB, un level au-dessus…

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Avec “Holy Fire”, leur excellent troisième album, les Anglais de Foals ont sans doute déjà assuré leur place dans le top 10 des meilleures plaques de 2013. Et comme il s’agit d’un groupe qui a tendance à se bonifier au fil des tournées, il était particulièrement conseillé de ne pas louper leur passage à l’Ancienne Belgique ce vendredi 15 mars.

Cela faisait d’ailleurs une éternité que le concert affichait complet et la salle était déjà généreusement garnie lorsque Jagwar Ma, le support de leur tournée européenne, a investi la scène. Ce duo australien dont fait partie Jono Ma (le frère de Dave Ma qui a réalisé plusieurs vidéos pour Foals, d’où la connexion) a bonne presse pour le moment et remet au goût du jour un certain psychédélisme teinté de dub dont les influences sont largement à chercher du côté de Primal Scream période Screamadelica .

Ceci dit, les débuts des Stone Roses et l’ambiant house de The Orb ne sont pas loin non plus, même si des beats électro bien dans l’air du temps donnent un cachet tout particulier à des compositions que l’on finit par trouver entêtantes. Et, lorsque l’on voit les musiciens emportés par leur musique, à l’instar du bassiste sautillant avec ses maracas (on dirait presque Bez des Happy Mondays), on se demande tout de même si des substances illicites ne se seraient pas égarées dans leur loge. En tout cas, ils feraient sensation dans une tente au Dour Festival et leur premier album dont la sortie est prévue cette année devrait valoir le coup d’oreille.

Lors de leur dernière visite dans une salle belge (c’était en novembre 2010 à l’Orangerie du Botanique), on avait déjà remarqué une évolution sensible dans le chef de Foals. Les natifs d’Oxford avaient en effet désintellectualisé leur math rock électro d’“Antidotes” avec un deuxième album d’excellente facture (“Total Life Forever”) et leurs prestations scéniques s’en étaient retrouvées bonifiées. Autant vous dire qu’avec la bombe envoyée au travers d’“Holy Fire”, leur nouvel opus, les attentes étaient énormes. Et on n’allait pas être déçu…

Car dès le morceau d’intro (“Prelude”), il allait clairement se passer quelque chose qui ne trompe pas. Un signe que l’on pourrait traduire par l’expression “right time, right place”. Cet instrumental dont l’atmosphère prend directement aux tripes couplé à la simple vision du guitariste prenant littéralement son pied tout seul sur scène avant que ses comparses ne le rejoignent un à un va booster une audience déjà en pleine effervescence.

On a en effet rarement vu la grande salle de l’Ancienne Belgique empaquetée comme ce soir. Le public a abandonné les places assises de l’étage et on a l’impression qu’il est impératif de ressentir le “moment” au beau milieu du moshpit. Les claustrophobes sont laissés à leur triste sort alors qu’un “Olympic Airways” de feu lance officiellement les débats. C’est toutefois l’excellent “My Number” et ses chœurs faussement plaintifs qui vont vraiment servir de déclic et faire rentrer Foals dans la cour des dompteurs de l’AB dans une ambiance de folie.

À partir de ce moment, ils ne vont laisser à aucun moment la possibilité aux spectateurs de reprendre leur souffle. Pas même sur le théoriquement plus soft “Blue Blood” lors duquel le guitariste Jimmy Smith va faire groover son instrument comme jamais. Ce dernier occupe d’ailleurs une surprenante position centrale qui va, du moins dans un premier temps, faire passer le chanteur Yannis Philippakis au second plan. Mais ils ne sont pas seuls et on remarque une véritable homogénéité au sein du quintette qui n’a sans doute jamais été aussi bon sur scène.

Mais si l’on pousse l’investigation un peu plus loin, on se rend compte que la raison de cette métamorphose est également à chercher du côté des impeccables nouvelles compositions. Celles-ci dégagent une accessibilité qui ne jure aucunement avec le style singulier du groupe qui n’a clairement pas mis en doute son identité dans le processus. Prenez le savamment construit “Out Of The Woods”, par exemple, et l’intense final de “Milk & Black Spiders” pour vous en convaincre. Ou encore “Late Night”, lorsque le guitariste passe au piano pour un crescendo complètement envoûtant. Pour peu, on penserait à du Archive en moins dépressif.

Ceci étant, c’est vers l’incroyable “Providence” que va notre préférence, surtout que ses sursauts de décibels dans une ambiance apocalyptique vont faire rentrer le leader dans un trip. Il va tout d’un coup se décoincer et plonger dans la foule avec sa guitare pour une première séance de crowdsurfing. Un peu plus tard, au son de “Red Socks Pugie”, il va même se la jouer Ricky Wilson (Kaiser Chiefs) en entamant le tour de la salle via les balcons.

Entre-temps, un remuant “Balloons” nous replongera dans la première plaque alors que “Spanish Sahara” dans toute son intense splendeur progressive va enfin dévoiler des jeux de lumière dignes de ce nom, avec à la clé une vision encore plus intense de l’événement. Le groupe clôturera son set principal au moyen d’un “Electric Bloom” retravaillé et bourré de percussions. L’AB est groggy, ni plus ni moins…

Les rappels seront entamés dans une douceur relative. En effet, “Moon” se dévoilera délicatement en mode piano voix presque hors du temps (on dirait du Depeche Mode acoustique), avant qu’“Inhaler” ne reprenne là où les choses étaient restées, bien aidé par les puissants riffs qui parsèment la composition. Il s’agit à n’en point douter d’un des meilleurs extraits de ce nouvel album décidément sans faille. Le plus ancien “Two Steps, Twice”, dans une version survitaminée en communion avec un public conquis, mettra un terme à une performance d’une redoutable consistance. Et s’il ne fallait pas chercher plus loin notre concert de l’année ?

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