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Les Vikings de Sabaton mettent le feu à la Grote Kaai de Lokeren

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Nous avons été à Lokeren pour les très prisées Lokerse Feesten ce dimanche 4 août. C’était la plus longue et la plus belle journée de ce festival qui compte 10 dates. Cette troisième journée est consacrée au métal avec sept groupes présents sur scène : Philm, Ugly Kid Joe, Anvil, Fear Factory, Trivium, Danzig W/Doyle et en tête d’affiche l’énorme groupe suédois Sabaton. Danzig W/Doyle remplace au pied levé Motorhead qui a quelques problèmes de santé. Eh oui, le jack Daniel’s ne peut pas soigner toutes les maladies du monde. Lemmy nous l’a promis, il sera retapé pour le 11 novembre au Brielpoort de Deinze afin de nous présenter son nouvel opus “Aftershock” qui sortira en septembre. Une seconde journée métal est programmée. Elle sera chroniquée par notre collègue Xavier Rossey avec au programme Deep Purple, Alice Cooper et Monster Magnet.

Il faut dire que ce festival est très bien organisé, l’accueil est chaleureux, le son est nickel (on se croirait à l’Ancienne Belgique), la programmation est soignée et le timing respecté à la lettre. Le premier groupe à inaugurer cette journée métal est Philm. C’est un projet de fusion metal/noise/punk/jazz/funk qui naît à Los Angeles en 2010 à l’initiative de Dave Lombardo, illustre batteur de la scène métal doté d’un palmarès plutôt impressionnant. Connu pour ses groupes principaux que sont ou ont été Slayer, Grip Inc. et Fantômas, il a également collaboré plus ou moins ponctuellement avec John Zorn, Apocalyptica, Testament ou encore Voodoocult. Philm est donc un projet prenant la forme d’un power-trio pour lequel Lombardo est accompagné de Gerry Nestler (du groupe de prog metal Civil Defiance) et Pancho Tomaselli (membre du collectif funk rock californien War). Les trois artistes ont des univers musicaux différents. Un premier album est sorti début 2012, “Harmonic”, via le label Ipecac Recordings. Ils vont donc défendre brillamment cet opus, il est à noter que le set va être très court, car le timing est serré vu le nombre de groupes ce soir.

Le second groupe à fouler la scène est Ugly Kid Joe, première grosse sensation de la soirée. C’est au début des années 90, en pleine vague grunge, que Ugly Kid Joe débarque. Ce groupe californien est formé en 1989 par leur chanteur Whitfield Crane. Il est rapidement rejoint par le guitariste Klaus Eichstadt, le batteur Mark Davis, le second guitariste Roger Lahr et le bassiste Cordell Crockett. Ils sortent un mini album en 1991 intitulé “As Ugly As They Wanna Be” qui devient rapidement un énorme succès, en particulier grâce au single “Every Things About You” qui se vendra à deux millions d’exemplaires. Ce titre est d’ailleurs présent dans le film Wayne’s World. Ils sortent ensuite en 1992 leur premier véritable album “America’s Least Wanted” sur lequel on trouve les hits “Neighbor” et “Cats In The Cradle”. Après de nombreux concerts, dont une tournée aux côtés de Ozzy Osbourne, ils enregistrent leur deuxième opus “Menace To Sobriety” en 1994. En dépit d’un sens de l’humour et de la dérision particulièrement présent chez les cinq membres du groupe, leurs managers font tout pour les faire passer pour un groupe sérieux et crédible. Mais cela ne leur correspond pas. Ils fondent alors leur propre label sur lequel ils enregistrent en 1996 leur troisième album “Motel California”. Les membres d’Ugly Kid Joe se séparent peu après la sortie de ce disque. En mai 2010, le groupe annonce sa reformation pour le grand bonheur des fans. Ils sont donc présents pour défendre le nouvel E.P. “Stairway To Hell” sorti en 2012. Pour ce soir et cette tournée, le second guitariste est Sonny Mayo et le batteur Zac Morris.

On voit bien que le groupe a quelque 20 années de bouteille. Leur prestation est à la hauteur de leur professionnalisme convaincant. Le chanteur Whitfield piétine sur place et en bon papy du rock va nous occuper toute la scène à lui tout seul, il va demander au public de se rapprocher et va nous faire une prestation d’enfer, bien épaulé par ses musiciens. Le groupe va nous présenter ses hits et ses grands standards “Neighbar”, “Cust”, “Panhandlin’ Prince”, “Everything About You”, “Cat’s In The Cradle” qui est une brillante reprise de Harry Chapin pour nous subjuguer avec la reprise de “Ace Of Spades” de notre ami Lemy. La prestation du groupe était beaucoup trop courte, mais de grande qualité. Nous avons eu affaire à du grand hard rock très mélodique avec une voix parfaite de Whitfield qui est aussi mélodieuse que celle du maître David Coverdale.

Le temps de passer au changement de matériel pour la prestation des Canadiens de Anvil et on peut constater que la plaine se remplit bien. Anvil (ou Lips au départ) est un groupe de heavy metal canadien créé en 1977. Il est aussi considéré comme un des groupes ayant joué un rôle plus ou moins important dans le développement du speed metal. D’ailleurs, la chanson “Bedroom Game” que l’on retrouve sur l’album “Hard’N’ Heavy” paru en 1981 serait considérée comme l’une des premières chansons de speed metal au monde. Leurs plus grands succès sont : “Metal On Metal”, “March Of The Crab” (instrumental), “Forged In Fire” et plus récemment “Juggernault Of Justice”. Le groupe commença à perdre de son succès à partir de 1983, quand Metallica et le thrash metal arrivent. Le surnom du chanteur (Lips/Babines) vient de son incroyable gestuelle faciale. Il s’est également fait connaître par l’utilisation d’un vibromasseur pour jouer de la guitare. Anvil signifie Enclume en anglais. Le groupe est donc composé de Steve (Lips) Kudlow au chant et à la guitare, de Sal Italiano à la basse et enfin de Robb Reiner à la batterie. Ils vont nous égrener leurs hits les plus connus et Lips va jouer de la guitare à plusieurs reprises avec ses dents, et à un certain moment avec un vibromasseur blanc pour bien prouver que cela peut servir également à jouer de la musique. C’est pas mal, mais ce n’est pas ce groupe qui fera vibrer à l’unisson la plaine de la Grote Kaai.

La soirée va vraiment débuter avec la prestation des Américains de Fear Factory. Fear Factory est un groupe américain de métal industriel à influence death mélodique, groove metal et thrash metal américain fondé en 1990. Fear Factory a prouvé son influence dans la scène métal au milieu et à la fin des années 1990. Ils se séparent en mars 2002, suite à des conflits internes, mais se reforment plus tard sans le membre fondateur Dino Cazares, mais avec le bassiste Byron Stroud et le désormais guitariste Christian Olde Wolbers. Le groupe emmené par son chanteur barbu et super sympathique Bruton C Bell va enflammer avec une fameuse dose d’humour et de bonne humeur la Grote Kaai. Les round circles vont se succéder pour le bonheur des fans et d’un public conquis. Les premiers nuages de poussière vont s’élever au-dessus de la plaine faisant penser à une tempête de sable dans le désert, mais non nous sommes bien à Lokeren. Le groupe va nous interpréter avec une réelle montée en puissance “Demanufacture”, “Self Bios Resistor”, “Shock”, “Edgecrusher”, “The Industrialist”, “Powershifter”, “What Will Become?”, “Archetype”, “Replica” et “Martyr”.

Le combo suivant à se présenter sur scène est Trivium. Trivium est un groupe de metalcore fondé en 2000 en Floride. Le groupe est passé du metalcore avec ses deux premiers albums (“Ember To Inferno”, “Ascendancy”), au thrash metal (“The Crusade”), jusqu’au compromis entre les deux (“Shogun”) ; cependant, l’appartenance au style metalcore est niée et désapprouvée par le groupe. Leur cinquième album studio, “In Waves”, est sorti le 9 août 2011. Une belle prestation quand même, mais la construction similaire des morceaux qui se sont suivis ne m’ont pas ému plus que cela. Je n’ai pas du tout accroché à leur musique. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais une certaine partie du public avait l’air d’apprécier.

On passe ensuite à un groupe que je découvrais et qui remplaçait au pied levé les potes à Lemmy de Motorhead, le groupe américain de Danzig W/Doyle. Le groupe mené par le frontman Glenn Danzig, de son vrai nom Glenn Allen Anzalone, né le 23 juin 1955, est un chanteur américain. Il a fondé successivement les groupes The Misfits, Samhain et Danzig. Reconnu comme l’un des tenants du genre horror punk, son style musical a évolué du rock au heavy metal et à l’indus. Des influences blues et folk sont tout aussi détectables, sa chanson “Thirteen” a d’ailleurs été reprise par Johnny Cash dans l’album “Americana”.

Le gars bien musclé est certainement fort imbu de sa personne, car aucun photographe, ni journaliste ne pouvait être présent en avant-scène. Se prendrait-il pour un Marilyn Manson parvenu ? La mauvaise humeur a d’ailleurs gagné l’individu suite à des problèmes de réglage de son. Il faut dire que ses musiciens étaient à la hauteur, pas lui. Si ce dernier n’a aucun respect du public qu’il change de métier. Heureusement que l’arrivée de Doyle sur scène a permis au show de garder une face humaine. Le visage grimé de blanc et le torse musclé exhibé comme à l’époque des Misfits, il mettra toute son énergie dans son jeu de guitare, mais rien ne pourra y faire. Alors qu’il lui restait encore un bon quart d’heure à jouer, Glenn Danzig, le chanteur, quitte la scène, mais cette fois il n’y reviendra pas. Doyle de son côté s’excuse, mais ne peut rien y faire. Le concert se terminera sous les huées du public. Ce groupe a laissé une très mauvaise impression.

Ce petit inconvénient passé, nous allons accueillir comme il se doit le clou de la soirée : Sabaton. Le groupe est composé de Oakim Brodén au chant, Pär Sundström à la basse, Chris Rörland et Thobbe Englund aux guitares et enfin Robban Bäck à la batterie. Ils sont là pour défendre leur dernier opus “Carolus Rex”. Comme je le dirai toujours, les groupes nordiques sont des maîtres dans l’art de pratiquer la musique que ce soit pour n’importe quel genre de musique de par la qualité d’instrumentation et d’interprétation. Ces Vikings sont un monde de gentillesse, de sociabilité et toujours sourire dehors et cela m’a toujours fasciné et ce soir cela sera encore le cas avec le groupe Sabaton. Il faudra dire que dans l’assemblée au moins une personne sur cinq porte un tee-shirt Sabaton et c’est agréable de voir la masse de fans aux barrières, envoûtés et attentifs à la musique de ce groupe sympathique. Il ne faudra pas une chanson terminée pour que l’ovation totale soit faite aux musiciens qui apprécieront et remercieront les fans présents. L’engouement du public était tel que vous ne pouvez pas rester insensible à leur musique. Les riffs de guitares vous prennent par les pieds, cela remonte dans les jambes et vous êtes obligés de jumper.

En ouverture, nous avons eu “The final Countdown” et “The March To War”. Le groupe arrive donc pour nous interpréter “Ghost Division”, “Gott Mit Us”, “Carolux Rex”, “40 : 1”, “The Carolean’s Prayer” qui est un morceau en suédois pour continuer avec “The Price Of A Mile”, “The Lion From The North”, “Poltava”, “Cliffs Of Gallipoli”, “Swedish Pagams”. Le set est terminé, mais les artistes nous reviennent pour un rappel avec “The Art Of War”, “Primo Victoria” et “Metal Crüe”. Il est indéniable que ce groupe a conquis la plaine du Grote Kaai, le sourire permanent du chanteur y est pour quelque chose, ce sourire ne l’a jamais quitté. Il y avait la très bonne musique de Sabaton à apprécier, mais celle-ci était agrémentée d’un effet visuel certain grâce à l’apport massif d’effets pyrotechniques qui auront quelque peu roussi les bras du chanteur qui le signalera entre deux chansons.

Cette journée métal aura donc été exemplaire en qualité musicale et en émotion, même si elle a été quelque peu gâchée par l’attitude négative d’un parvenu, Glenn Danzig, qui n’a aucun respect du public. Mais les sensations ont été là avec tous les autres groupes présents et principalement avec la prestation exemplaire de Sabaton qui n’a plus rien à prouver. Messieurs les ingénieux programmateurs des Lokerse Feesten, mettez-nous pour 2014 une journée métal de telle qualité avec Sabaton, Fear Factory, les potes à Lemmy !

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