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Masters@Rock 2014 – Jour 1 : Des décibels comme s’il en pleuvait


Alors que la météo reste incertaine ce vendredi 29 août, je mets le cap sur Torhout qui accueille pendant deux jours une ribambelle de groupes de la scène métal (au sens très large) dans le cadre de l’édition 2014 du Masters@Rock. Sur l’autoroute, je dépasse une voiture arborant sur sa carrosserie le logo du Blanck Tartan Clan. Confirmation que je suis sur la bonne voie. Arrivé sur place, premier cafouillage dans l’organisation: alors qu’un passe a été envoyé à la presse pour stationner sur le parking réservé à cet effet, le sbire qui en garde l’accès me refuse le passage sous prétexte que je n’ai pas mon bracelet « presse » délivré à l’entrée à près d’un kilomètre de là. Je ressens alors l’envie très prononcée de me glisser dans la peau du personnage de Dexter. Après avoir réglé ces formalités administratives et abandonné ma voiture, me voilà donc fin prêt à attaquer ce festival à l’affiche alléchante.

La perte temps liée à ma mésaventure du parking fait qu’à mon arrivée, le premier groupe de l’affiche, The Ignored, a déjà fini sa prestation punk-hardcore. Il me reste quelques minutes avant la suite du programme. Le temps de déballer mes appareils pour prendre quelques clichés pour illustrer mon article. Je prends place dans le «pit» avec les photographes pour assister au deuxième concert de la journée, celui du groupe All For Nothing.


Originaire de Rotterdam, le quintette emmené par la chanteuse Cindy van der Heijden nous assène avec beaucoup de conviction ses morceaux de hardcore mélodique aux accents métal-punk. Malgré un public clairsemé, la prestation du groupe est tout à fait respectable. Le set de 40 minutes passe à toute allure, avec plusieurs extraits de leur nouvel opus «What Lies Within». Musique rapide, très vitaminée. Bonne présence scénique. Le public a l’air intéressé mais sans plus.
Après cette excellente entrée en matière, je profite de l’intermède pour faire une petite reconnaissance des environs. Le site est de belle taille, les organisateurs ont vu les choses en grand. L’unique scène est spacieuse et très bien équipée, tant pour le son que pour les lumières. Près de l’entrée, un peu en retrait, plusieurs tentes abritent des marchands qui proposent des accessoires métal en tous genres. La partie centrale du site est occupée par les tentes de restauration: hamburgers, pizzas et frites en tous genres. Côté boisson, les pompes à bière sont présentes en nombre. Il y a même un stand de la bière brassée à Juppille («les hommes savent pourquoi»). Voulant éviter tout souci avec la météo, les organisateurs ont prévu un vaste abri sous lequel les festivaliers peuvent venir se protéger de la pluie ou des rayons du soleil. Il faut dire que pour une fois, la météo a été correcte, en tout cas sans pluie.


Reprise des hostilités avec le Black Tartan Clan, un des rares groupes belges de musique celtique punk. Fiers porte-paroles de ce genre festif, les plus Écossais des Bruxellois écument les scènes depuis 2008. Cette année, on avait déjà pu les voir au PPM Fest de Mons. Ici encore, ils n’ont pas failli à leur réputation. Leur musique d’inspiration celtique a un côté festif qui convient parfaitement à l’ambiance du festival. Au-delà de l’aspect purement musical, la principale question qui occupait les esprits (surtout ceux des dames du premier rang dans le public) était de savoir si le vent allait enfin permettre de savoir ce qui se cache sous le kilt de ces messieurs… Toujours efficace, le groupe a mis une belle ambiance. La TV est présente pour capter un extrait de leur prestation. Tous les musiciens ont l’air de passer un bon moment sur scène. Ils interprètent même un titre en français. Et c’est au son de la cornemuse que certains festivaliers ont entamé leurs premiers pas de danse de ce festival.


Avec Born From Pain, retour à une musique plus dure. Originaire du Limbourg néerlandais, le groupe qui compte déjà cinq albums à son actif, distille des compositions hardcore pures et dures. La formation batave a eu l’occasion d’accompagner en tournée des grands noms comme Limp Bizkit, Soulfly et Madball. Autant dire que sur scène, ça décoiffe. C’est carré, violent et sans concession. Un tantinet trop pour mes frêles oreilles. Politiquement orientée, la musique de Rob Franssen et de ses acolytes résonne comme un cri de rage exprimant la colère et les frustrations engendrées par le monde dans lequel nous vivons. On n’est donc clairement pas dans le mode consensuel.
Après avoir dégusté un jus de houblon pour me remettre de mes émotions, je constate que le public a commencé à affluer. Tout est prêt pour passer une bonne soirée. La bière a déjà coulé à flot, le monde est là et on attend encore des groupes prometteurs.


Sur le coup des 18 heures, c’est au tour d’Evergreen Terrace d’entrer en scène. Encore un groupe composé de cinq membres. Celui-ci est originaire de Jacksonville en Floride. Son nom est inspiré par le nom de la rue où habitent les Simpsons. Côté musique, ils proposent des compositions de métal moderne, que certains qualifient de metalcore mélodique. Pour l’anecdote, le chanteur attitré Andrew Carey a été retenu par ses obligations scolaires et a dû être remplacé au pied levé par Jeremy Atkins. Evergreen Terrace livre malgré tout une prestation généralement bonne, hormis quelques faiblesses vocales en début de set. La plupart des morceaux sont extraits de leur dernier opus en date «Dead Horses» sorti en janvier de cette année. Seul petit défaut: le set est un peu longuet sur la fin.


Pour la suite, on continue avec du lourd. Actif depuis plus de trois décennies, le groupe britannique Discharge inonde la scène de son hardcore punk, mélangeant leur heavy metal teinté de punk (à moins que ce ne soit l’inverse ?) avec d’autres genres comme le thrash, le grind et le death. Du lourd je vous dis. Rat (Anthony Martin) au chant, Bones (Tony Roberts) à la guitare, Rainy (Rufus Wrainright) à la basse et Proper (Dave Caution) à la batterie constituent la formation actuelle du groupe. Sur scène, un déferlement de riffs de guitare, de rythmes très speed et des morceaux comme «Hell On Earth» ou «Never Again» qu’on prend comme un coup de poing dans la figure. Encore un groupe qui dépote grave.


Sur le coup des 20h30, on en arrive à la troisième tête d’affiche. C’est à Biohazard que revient l’honneur d’ouvrir la soirée. D’entrée de jeu, le ton est donné. Avec 11 albums à son actif et plus de 25 années d’ancienneté, le quatuor formé de Billy Graziadei (chant/guitare), Bobby Hambel (guitare), Danny Schuler (batterie) et Scott Roberts (chant/basse) a le sens du spectacle, c’est le moins qu’on puisse dire. Les New-Yorkais savent comment mettre leur feu: au 3e morceau à peine, le chanteur/guitariste se retrouve dans le pit, puis porté par le public. Quelques instants après, c’est un festivalier handicapé en chaise roulante qui va se trouver porté par la foule vers la scène où le groupe l’accueille pendant toute la durée du set. Biohazard a créé son propre style, mélange de rap, de punk et de métal. Leur prestation tout à fait survoltée se terminera au terme d’une heure de folie, avec plusieurs dizaines de spectateurs sur scène. Un grand moment de spectacle et incontestablement un des temps forts de ce festival.


À 22 heures, c’est un autre groupe américain qui prend possession de la scène : Agnostic Front, le groupe du légendaire guitariste Vinnie Stigma, également composé de Roger Miret (chant), Mike Gallo (basse), Pokey Mo (batterie) et Joe James (guitare). On est ici dans le genre punk hardcore thrash new-yorkais. Habitué des festivals, le groupe a une grande expérience de la scène. Mais je trouve sa prestation fort sombre et peu emballante. Les musiciens assurent une prestation irréprochable, mais j’ai l’impression que la sauce prend mal. Il y a bien sûr quelques rangées de hardcore fans tout devant, mais je n’ai pas l’impression que l’ensemble du public adhère. À moins que ce soit la fatigue qui commence à se faire sentir… Il reste pourtant encore la tête d’affiche du jour!


Dans un style plus abordable (les mauvaises langues diront plus commercial), Papa Roach est incontestablement le groupe pour lequel une grande partie du public a fait le déplacement. Un spectacle à l’américaine, parfait sous tous rapports. Le groupe a quelques jolis succès à son actif puisqu’il a signé le morceau «Even If I Could» sur la bande originale du film The Avengers, en prélude à son prochain cd qui sera intitulé «F.E.A.R (face everything and rise)». Le public est dans l’ambiance et savoure avec délectation des hits comme «Getting Away With Murder», «Between Angels and Insects» et «Last Resort».
C’est fatigués mais la mine réjouie que les festivaliers quitteront ensuite les lieux pour rentrer chez eux ou pour continuer la fête jusqu’aux petites heures avant de remettre le couvert le samedi dès midi.

(à suivre)

Les autres photos de

Papa Roach
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Agnostic Front


Photos © 2014 Hugues Timmermans

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