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Apocalyptica, le métal autrement

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Aux abords de l’Ancienne Belgique, les fans forment une longue file sur le trottoir. Les portes sont ouvertes mais les gens n’entrent qu’au compte-gouttes. Quand arrive enfin mon tour de franchir les portes de ce temple bruxellois de la musique, je me présente au guichet presse où une désagréable surprise m’attend : mon nom ne figure (à nouveau) pas sur la liste des journalistes invités. Mauvais présage ou petit accident de parcours ? Fort heureusement, la dame de l’accueil se montre compréhensive et fait preuve d’une très grande efficacité. Après les vérifications d’usage et un coup de fil à sa hiérarchie, elle me délivre enfin le précieux sésame qui me donnera à la salle et, mieux encore, au photo pit, le saint des saints pour un chasseur d’images comme votre serviteur.


La première partie de la soirée est assurée par le groupe Tracer. Originaire d’Adelaïde en Australie, ce trio fondé en 2001 propose une musique inspirée par les racines blues que l’on trouve dans les meilleurs groupes de hard rock, mais accommodée à la sauce stoner rock et powerhouse grunge. Autant vous dire que l’on a donc affaire à un groupe jeune et dynamique. Sur scène, Michael Brown (guitare et voix), Jett (basse et voix) et Andre Wise (batterie) sont tout à fait à l’aise et distillent une musique brute de décoffrage, sans se prendre la tête. L’ambiance est joviale et les musiciens s’éclatent visiblement sur la scène de l’AB. Une musique basique mais super efficace. Les artistes du pays down under bougent beaucoup sur la scène qui paraît trop grande pour eux. Bien que la salle ne soit pas encore tout à fait remplie, le public présent a l’air d’apprécier ce groupe qui sait visiblement y faire pour chauffer la salle.

Le groupe est en tournée pour défendre son dernier opus intitulé «Water For Thirsty Dogs», sorti le 24 juillet dernier. Les Australiens s’en tirent avec les honneurs. Jett le bassiste est très expressif. Andre le batteur est un cogneur comme j’aime. Les têtes bougent dans le public, ce qui est plutôt bon signe. Mike le chanteur-guitariste a une très bonne voix et joue sur une flying V. Pour l’anecdote, il fêtait son anniversaire ce samedi 24 octobre. Il n’en fallait pas plus pour que le public se fende d’un «Happy Birthday To You». Le public a aussi eu l’occasion d’accompagner le groupe en chantant «We Won’t Go Quietly» pendant le morceau «Us Against The World».


Après la traditionnelle pause technique, le public découvre, à l’arrière de la scène, un gigantesque backdrop d’Apocalyptica. Ce groupe de métal finlandais assez atypique est composé de violoncellistes (issus de l’Académie Sibelius d’Helsinki) et d’un batteur. Sa particularité est d’avoir opté pour un répertoire consacré au heavy metal et de s’être fait connaître par des reprises de groupes comme Metallica. Dans sa configuration actuelle, la formation finlandaise se compose d’Eicca Toppinen (violoncelle, contrebasse, percussions, programmation, chant), Perttu Kivilaakso (violoncelle, programmation, chant), Paavo Lötjönen (violoncelle, chant) et Mikko Sirén (batterie, contrebasse, chant). La tournée actuelle assure la promouvoir du 8e opus du groupe, «Shadowmaker», qui marque un tournant dans la carrière d’Apocalyptica car pour la première fois, un chanteur invité, Franky Perez (Scars On Broadway) interprète tous les morceaux de l’album. Le chanteur est d’ailleurs présent sur scène pour tous les extraits du dernier opus.

À l’entrée en scène du quatuor, je suis frappé par la dégaine de métalleux des membres du groupe que l’on dirait sortis tout droit du groupe Therion, à mille lieues du look que l’on aurait pu attendre de diplômés de l’Académie Sibélius… Rien à voir avec les violoncellistes classiques et c’est très bien ainsi. Dès l’entrée en scène de cette formation atypique, c’est parti pour un grand feu d’artifice de notes. Mon instinct de métalleux est désorienté. Il n’y a pas de guitares électriques et pourtant la musique ressemble furieusement à du métal… Les cheveux volent, les têtes tournent dans des headbangs de folie, le batteur cogne comme un fou sur des rythmes parfois très speed. Le résultat est très étonnant, mais pas désagréable. Un intermède plus classique nous permet de récupérer un peu. Pendant le joli solo, une animation apparaît en arrière-plan. La ligne blanche sur fond noir se transforme en croix de feu quand le trio prend le relai du soliste. Le classique se fond dans le moderne dans un moment de communion musicale intense. Le public répond par un tonnerre d’applaudissements. Vient ensuite le moment où le batteur quitte sa grosse batterie pour jouer sur une petite batterie à l’avant-droit de la scène. Batterie et violoncelles créent un univers particulier, renforcé par l’animation projetée sur le fond de la scène.

Le chanteur Franky Perez a une très bonne voix, capable de s’adapter à des styles assez différents. Personnellement, je le trouve un peu trop «latino» pour ce style de musique et j’ai parfois l’impression d’entendre des inflexions plus funk. Si le procédé à l’origine du groupe Apocalyptica est génial dans l’absolu, j’éprouve comme un début de sensation de lassitude au bout de la première heure de concert, malgré quelques incursions très réussies dans la musique classique. Le public est d’un autre avis car il continue de manifester son enthousiasme à grands renforts de clameurs et d’applaudissements. Une soirée très réussie et une expérience à conseiller à tous les amateurs de musique, aux confins du classique et du métal. Les fans étaient ravis. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié, malgré une légère impression de répétition à la longue.

Je terminerai en rappelant, pour les puristes, la track list complète de la soirée :
«Reign of Fear» (de l’album «Shadowmaker», 2015)
«Grace» (de l’album «Worlds Collide», 2007)
«I’m Not Jesus» (de l’album «Worlds Collide», 2007)
«House of Chains» (de l’album «Shadowmaker», 2015)
«Not Strong Enough» (de l’album «7th Symphony», 2010)
«Master of Puppets» (Metallica cover) (de l’album «Plays Metallica by Four Cellos», 1996)
«Inquisition Symphony» (Sepultura cover) (de l’album «Inquisition Symphony», 1998)
«Bittersweet» (de l’album «Apocalyptica», 2005)
«Harmageddon» (de l’album «Inquisition Symphony», 1998)
«Hope, Vol. 2» (de l’album «Cult», 2000)
«Riot Lights» (de l’album «Shadowmaker», 2015)
«Shadowmaker» (de l’album «Shadowmaker», 2015)
«Hole in My Soul» (de l’album «Shadowmaker», 2015)
«Ludwig – Requiem» (de l’album «Wagner Reloaded», 2013)
«Refuse/Resist» (Sepultura cover) (de l’album «Inquisition Symphony», 1998)
«Seek & Destroy» (Metallica cover) (de l’album «Life Burns Tour», 2006)
«In the Hall of the Mountain King» (Grieg cover) (de l’album «Cult», 2000)
«I Don’t Care» (de l’album «Worlds Collide», 2007)
«Dead Man’s Eyes» (de l’album «Shadowmaker», 2015)

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Photos © 2015 Hugues Timmermans

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