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Wolf Alice, pas encore un conte de fées

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Considérés par la presse spécialisée comme de sérieux espoirs du rock indépendant, les Londoniens de Wolf Alice étaient de passage au Botanique ce mercredi 18 novembre en support de leur premier album. L’occasion de juger le quatuor sur pièces dans une Rotonde pleine à craquer. Invité de (presque) dernière minute, c’est Melting Time, un groupe originaire de Lier et dont le tour manager est un habitué des salles de concerts bruxelloises, qui s’est occupé d’assurer la première partie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont pris ce rôle très au sérieux en nous gratifiant d’un set bourré d’énergie sans le moindre complexe.


Balisées autour de la voix caverneuse d’un chanteur passablement énervé (dans le bon sens du terme), les compositions du quatuor complété par un batteur appliqué, une bassiste discrète et un guitariste énervant (car trop démonstratif) sont à ranger dans une catégorie post punk crasseux. Si les atmosphères sombres et musclées renvoient aux débuts d’Interpol avec des riffs encore plus cinglants, ces p’tits gars ont déjà leur propre personnalité et ne devraient pas rester dans l’ombre très longtemps.

Les quatre membres de Wolf Alice ne sont pas du genre à brûler les étapes. Depuis 2010, à coup de concerts et d’EPs, ils ont patiemment construit leur réputation et attiré la sympathie du NME qui a considéré “My Love Is Cool”, leur premier album sorti en juin dernier, d’”…easily the debut album of the decade so far”. Même s’il regorge de qualités évidentes, on n’ira peut-être pas jusque-là.


Toujours est-il qu’un public jeune et majoritairement néerlandophone était impatient de voir le groupe sur scène. Un groupe qui se lancera dans un “Your Loves Whore” parfaitement construit pour un début de set. Une intro temporisée, une voix retenue, un refrain calibré et des riffs en crescendo vont ainsi mettre la machine en route, suivi d’un parfait “Freazy”, même si le quatuor ne semblait pas encore en place.

Ellie Rowsell, la fluette chanteuse blondinette dotée d’une solide voix, utilise deux micros (dont un aux effets saturés) mais on lui reprochera peut-être une attitude quelque peu désintéressée. Son regard va en effet constamment se diriger vers le plafond de la Rotonde. En revanche, sa guitare complémente parfaitement celle de Joff Odie qui se trouve à sa droite. À sa gauche, l’extravagant bassiste blond Theo Ellis va, à l’instar du guitariste de Melting Time, attirer négativement l’attention alors que l’excellent batteur chevelu Joel Amey semble cimenter les personnalités, en plus d’avoir une douce voix qui permettra à “Swallowtail” (pourtant assez faible sur l’album), de devenir l’un des moments forts de la soirée un peu plus tard.


Entre-temps, le groupe aura trouvé sa vitesse de croisière et balancera des hits en puissance comme “You’re A Germ” (à l’intro particulièrement efficace) et “Lisbon”. Des compositions transformées en hymnes riot grrrl par la voix modulable de la chanteuse. Des influences que l’on remarquera encore sur “90 Mile Beach” au final stroboscopique enlevé ou les gentiment grungy “Fluffy” et “She” sur lesquels la chanteuse va monter généreusement dans les aigus.


Ceci dit, Wolf Alice ne rime pas systématiquement avec Hole, Feeder ou rébellion. Outre le précité “Swallowtail”, le prenant “Silk” sera un autre exemple de délicatesse dicté par Ellie Roswell qui a clairement son mot à dire dans le processus de création. Ceci dit, on a l’impression qu’il leur manque encore quelque chose pour vraiment s’imposer, même si “Lisa Moaning Smile”, le dernier titre du set principal, en bluffera plus d’un.

Les rappels seront constitués de deux titres sur lesquels la chanteuse aura tout le loisir de laisser exprimer sa voix, même si elle sera bien aidée par le batteur tout au long d’un “Blush” aux effets captivants. En revanche, elle sera la reine sur “Giant Peach” où sa voix criarde fera le reste. Un final positif a un concert qui, sans décevoir, ne nous aura pas tout à fait convaincus.

Photos © 2015 Denoual Coatleven

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