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Django Django en manque d’audace à l’AB

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Un peu plus de trois ans après avoir joué une première fois à l’Ancienne Belgique, les Londoniens d’adoption de Django Django sont revenus dans le complexe du boulevard Anspach ce vendredi 11 décembre. Ils venaient y présenter “Born Under Saturn”, leur deuxième album sorti au printemps dernier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Stealing Sheep, les trois nanas colorées (avec leggings, capes fluo et lunettes de carnaval) qui ont assuré la première partie, ont l’art de flairer les bonnes opportunités. Elles ont ainsi récemment ouvert pour Everything Everything et s’apprêtent à faire de même pour Maxïmo Park d’ici quelques jours. Leur seconde plaque, “Not Real”, est également sortie cette année.

Articulées autour de bidouillages électroniques et d’une batterie qui l’est tout autant, les compositions du trio font la part belle aux mélodies eighties et à des harmonies vocales qui tombent légèrement à plat. En effet, prises individuellement, leurs voix candides et plaintives (dans le bon sens du terme) permettent à certains titres de sortir du lot. Mais lorsqu’elles s’y mettent à trois, le soufflé retombe presqu’aussitôt. Dommage aussi cette guitare qui passe tout à fait inaperçue alors qu’elle pourrait apporter une diversion. Ceci dit, la spontanéité et la mise en scène décalée permettent de sauver l’ensemble.

“Born Under Saturn”, le deuxième Django Django, a été sélectionné comme “Album of the month” par Rough Trade en mai dernier. Une récompense méritée, même s’il n’a sans doute pas l’évidence de leur album éponyme de 2012. Il apparaît toutefois nettement plus varié à défaut d’être aventurier, et leur set au Pukkelpop cet été en fin de soirée sous le Club a constitué un des sommets de notre festival.

Ceci dit, c’est avec deux plages du premier album (“Hail Bop” et “Storm”) que l’AB se mettra à gigoter sur le coup de 21h. Sur l’écran géant à l’arrière de la scène, l’image de la statue qui orne la pochette de “Born Under Saturn” tourne sur elle-même avant de faire place à un visuel parfait et original qui illuminera l’ensemble de la prestation du quatuor.

Si leur disposition sur scène éloigne drastiquement les musiciens, le chanteur Vincent Neff a particulièrement gagné en assurance. Il viendra plus souvent qu’à son tour sur le devant de la scène tout en triturant sa guitare, alors que sa chemise rayée pourrait servir de patron à la prochaine vareuse du Sporting de Charleroi. À sa droite, le claviériste et bidouilleur en chef Tommy Grace se trouve dans un trip aigu derrière son impressionnante console. Le batteur Dave Maclean et le bassiste Jim Dixon assurent sobrement à leurs côtés. Ils sont accompagnés d’un musicien de tournée qui alternera guitare et saxophone (impérial sur “Shake & Tremble”).

Avouons qu’ils auront tout de même un peu de mal à lancer la machine. Il faudra en effet attendre une demi-heure de concert et l’excellent “Reflections” pour qu’ils se libèrent quelque peu (ici aussi le saxophone jazzy jouera un rôle clé). À l’écoute de “Love’s Dart” dans la foulée, emmené par une guitare folk, on se surprend à imaginer quelle direction ce titre ou “Firewater” pourraient prendre sans les artifices électro qui les enrobent.

La réponse ne viendra pas ce soir mais l’instrumental “Slow West” ira tout de même à contrecourant de ce qu’ils proposent. Et pour cause, il s’agit d’un titre plus brut enregistré pour la bande originale du film du même nom avec Michael Fassbender réalisé par John Maclean, qui n’est autre que le frère du batteur et ex-membre de The Beta Band.

Les sons prenants de “Waveforms” et la vibe dub-orientale de “Skies Over Cairo” vont certes remporter l’effet escompté mais également nous rappeler que le nouvel album n’aura pas vraiment été visité. Seul un relativement banal “Pause Repeat” (à la voix étouffée par les instruments) aura encore les honneurs de la setlist avant les rappels. Un peu juste pour un groupe censé présenter le fruit de son travail le plus récent…

Certes, le public va devenir complètement fou sur les hits que sont “Default” et “Wor” (lors duquel le groupe copiera The Prodigy en demandant aux spectateurs de s’asseoir par terre avant de bondir dès le beat suivant délivré). Des spectateurs qui obéiront sans rechigner aux injonctions du chanteur lorsqu’il leur demandera de balancer les bras en l’air et qui, entre le set principal et les rappels, se glisseront dans la peau de supporters de foot en entamant des chants dignes de la Première League.

Deux titres en bonus seront balancés. Mais “4000 Years”, l’ultime nouvelle composition, ne convaincra pas malgré de nouveaux effets de saxophone pertinents. En revanche, le sautillant “Silver Rays” sera le chant du cygne parfait. Mais malgré cela, leur prestation en roue libre et sans réel risque nous laissera, à regret, un goût de trop peu…

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