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Dr. Nic et Mr. Offer, les deux personnalités de !!! au Bota

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Pendant que Cate Le Bon célébrait en douceur la journée de la Femme à la Rotonde du Botanique, l’ambiance était résolument tournée vers la fête quelques dizaines de mètres plus loin, où les New Yorkais de !!! s’apprêtaient à transformer l’Orangerie en une piste de danse digne du Studio 54. Ils venaient y présenter “As If”, leur sixième album sorti chez Warp à l’automne dernier. Le rêve ultime, pour le leader Nic Offer, serait d’inviter Stereolab, une de ses influences majeures, afin d’assurer la première partie. Le souci, c’est que le groupe emmené par Laetitia Sadier n’a plus aucune activité depuis 2009 (une expression anglophone parfaite existe pour caractériser cette situation : indefinite hiatus). Qu’à cela ne tienne, il a créé le cover band le plus improbable du circuit, qu’il a baptisé non sans humour StereolaD.

Le départ sera toutefois fastidieux ce soir. Un problème technique lié au synthé va en effet contraindre l’ami Nic de meubler d’emblée avec des phrases de survie et des riffs de guitare rudimentaires. Mais lorsqu’ils vont balancer “Jenny Ondioline”, on va rapidement se retrouver bluffés. S’ils excellent en version disco, la face rock musclée à la Placebo des débuts leur convient autant, même si les musiciens n’ont pas l’air de prendre leur pied. Sauf le chanteur à la chevelure bouclée qui porte fièrement une robe de ménagère à carreaux et qui adopte une voix maniérée.

Musicalement, une version puissante et hypnotique de “French Disko” ne sera pas loin de sublimer l’originale alors qu’“Our Trinitone Blast” fera se produire le Velvet Underground au CBGB avec des guitares glaciales. Quant au final “Lo Boob Oscillator” (en français approximatif), il prend son inspiration dans le glam rock des seventies rehaussé de touches indie. Un projet surprenant, certes, mais qui prend tout son sens au point de devenir essentiel. Pas sûr que les vrais auraient fait mieux en 2016…

Un petit break pour se désaltérer en vue de la suite des événements et les revoici sur scène, cette fois dans leur costume de !!!. Encore que, mis à part le chanteur qui a enfilé son traditionnel short, les musiciens n’ont pas trouvé utile de se changer. En revanche, ils sont déjà plus souriants qu’en début de soirée et “Sick Ass Moon” va complètement les dérider. À leurs côtés se trouve une choriste black à la coiffure afro et à la solide voix qui va rehausser de son organe “All U Writers”. Ces deux titres sont extraits d’“As If”, le dernier album du groupe qui prend une direction pop un peu plus manufacturée que par le passé.

Heureusement, sur scène, la conviction d’un Nic Offer pareil à lui-même, adepte d’aérobic et de chorégraphies improvisées, va radicalement en changer la perception. Mais la vision plus musclée de “Till The Money Runs Out” et d’un excellent “Freedom ’15” à deux voix y seront pour beaucoup également. C’est l’avantage des groupes qui jouent leur électro rock en live (LCD Soundsystem, Caribou ou autres The Rapture auxquels ils sont assimilés, le visuel en plus). “All The Way” en sera un exemple parfait, pendant lequel Nic échangera sa position avec le claviériste qui, tout en chantant d’une voix trafiquée, se fendra de pas de danse à rendre jaloux Samuel T. Herring, le chanteur de Future Islands.

Nic Offer a toutefois du mal à tenir sur une scène tout au long d’un concert même si ce soir il mettra une demi-heure avant de prendre son premier bain de foule (initié avec “Must Be The Moon” au flow soutenu). Il y retournera régulièrement pendant la seconde partie du set, s’attardant auprès de spectateurs qui répondront du tac au tac à ses appels d’entertainer professionnel.

Un peu plus tôt, la guitare disco et la basse ronflante d’“Except Death” vont installer momentanément un environnement très Chic, une autre de leurs influences que l’on retrouvera également sur le très réussi “One Boy / One Girl”. Dans la salle, cela transpire généreusement et les sourires sont légion. Il faut dire qu’“Heart Of Hearts” a tout du tube parfait et qu’il ne sert à rien d’empêcher son popotin de dandiner sur “Slyd” en guise de final. Mais quelle idée de s’arrêter en pleine ascension…

Le groupe se fera pardonner en revenant par deux fois avec un Nic Offer qui remettra sa robe pour l’occasion. Avec un allongé et dansant “I Feel So Free (Citation Needed)” d’une efficacité insoupçonnée tout d’abord, ultime extrait d’un nouvel album qu’ils auront finalement abondamment visité. Avec un “Yadnus” aux guitares renvoyant au “Personal Jesus” de Depeche Mode et à la vision glam rock de Gary Glitter ensuite. Après l’une ou l’autre dernière pitrerie (comme le fait de presqu’avaler son micro), le chanteur mettra un terme au concert dans une ambiance de feu. Rien à redire, en live, ils sont toujours au top !!!

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