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The Dandy Warhols still rule… OK !

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Prendre l’apéro en terrasse sur la place qui jouxte le Depot de Leuven sous un soleil généreux en attendant l’ouverture des portes, un moment encore inimaginable voici une semaine à peine. Et pourtant… Il a fait très chaud aussi à l’intérieur pour le concert des Dandy Warhols qui venaient y présenter “Distortland”, leur nouvel album, ce samedi 7 mai. Après le Melkweg d’Amsterdam la veille, il s’agissait de la seconde date de la tournée européenne du groupe avec les britanniques de Happyness en guise de mise en bouche. Un sérieux coup de pouce pour les Londoniens que l’on avait découverts l’année dernière lors d’une [PIAS] Nite au Beursschouwburg. Si leur premier album est sorti en 2014, ils profitent de l’occasion pour publier un nouveau single, “SB’s Truck”, disponible dans sa version 45 tours au stand merchandising.

Le trio, augmenté d’un quatrième larron sur scène “pour les parties qu’ils ne savent pas jouer à trois” va donc profiter de la demi-heure de rigueur pour dévoiler une direction plus mature et moins fofolle qu’à l’époque. Encore que, la dérision est toujours de rigueur (il suffit de voir les lunettes en forme d’étoiles que porte le chanteur) mais, musicalement, ils ont gagné en maturité, c’est une évidence. On pense toujours à Sparklehorse lorsque le regretté Mark Linkous partait dans ses délires (la voix trafiquée, les constructions sinueuses et énervées) mais avec une nuance qui devrait rendre leur futur deuxième album intéressant.

La cadence discographique des Dandy Warhols s’est quelque peu calmée ces dernières années. En effet, si l’on excepte “The Dandy Warhols Are Sound” (il s’agissait de la version brute de “Welcome To The Monkey House”), ils tournent au rythme d’un album tous les quatre ans depuis 2008. Le petit dernier, “Distortland”, est sorti début avril et, comme tout bon album des natifs de Portland, ne se dévoile qu’après quelques écoutes. Un album assez court qui tranche avec les séances marathon auxquelles ils nous avaient parfois habitués.

C’est pourtant avec “Be-In”, un titre à l’intro kilométrique, que le quatuor a pris possession de l’espace dans la pénombre qui sera la norme tout au long de la soirée, à de rares éclairs stroboscopiques près. En revanche, à peine le premier riff de guitare balancé que des odeurs de chanvre venaient nous chatouiller les narines, parfaite introduction à l’obscur “Crack Cocaine Rager”. Ceci dit, la voix de Courtney Taylor-Taylor n’est pas encore graissée et son double micro aux effets distincts n’y change rien. Le public n’en a cure et se déchaînera une première fois sur “Get Off”.

Aux côtés du leader (un rien diva ce soir lorsqu’il imposera à son roadie de lui placer sa guitare autour du cou par exemple), Zia McCabe, multi-instrumentiste charismatique à la force tranquille amène une touche chipie bienvenue à un environnement lugubre, à l’instar des drapeaux arborant une tête de mort recouvrant les amplis du guitariste Peter Holmström. Encore que, son chapeau à plume vient nous contredire… Sans oublier le toujours aussi enthousiaste batteur Brent DeBoer à la coiffure généreusement permanentée.

Deux (très bons) extraits du nouvel album viendront ensuite faire grimper la soirée d’un cran. Il faut dire que “Pope Reverend Jim” a tout d’un futur hit alors que le groovant “Styggo” les emmène dans une direction plus pop qu’ils avaient largement explorée voici une grosse dizaine d’années sur “Welcome To The Monkey House”, le fameux album à la banane. Un peu plus tard, “All The Girls In London” à la vibe sixties mais surtout l’imparable “You Are Killing Me” seront les nouvelles compositions les plus en vue de la soirée et rattraperont aisément un approximatif “You Were The Last High”.

Revenons un instant sur Zia dont la prestation sera une nouvelle fois sans faille, qu’elle attrape une basse pour “Plan A” ou un mélodica sur l’excellent et atypique “Well They’re Gone” complémenté par un archet avec lequel le guitariste va délicatement triturer son instrument. De son côté, Courtney va finir par tirer le meilleur parti de son organe vocal au cours d’une fin de set démentielle.

Ainsi, outre l’efficace “Good Morning” et “We Used To Be Friends” avec une succulente guitare wah-wah, c’est le triptyque extrait de l’album “Thirteen Tales From Urban Bohemia” qui va déchaîner les passions. Une version festive de “Solid” va en effet introduire leur hit single “Bohemian Like You”, mais ce sera “Godless” qui va générer le plus d’enthousiasme auprès d’un public qui va s’égosiller au son des riffs dans une atmosphère de plus en plus moite.

Les musiciens reprendront ensuite leur souffle via l’expérimental “Pete International Airport” aux incantations dont Courtney a le secret avant que “Boys Better” n’achève le Depot pour de bon après exactement nonante minutes de prestation. Les spectateurs ont eu beau crier, siffler ou réclamer, rien n’y a fait, ce sont les roadies qui sont remontés sur la scène. Et s’il s’agissait du timing parfait pour un concert des Dandy Warhols ?

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