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Alcatraz 2017 – Jour 2 : Strong Arm Of The Law

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Programme ultra-chargé pour une seconde journée d’Alcatraz partagée entre le Metal Traditionnel, le Stoner et le Metal Extrême.

Caché sous la couette, je tente d’ignorer le ‘blastbeat’ tonitruant qu’interprète pour moi la pluie battente sur le Velux de la chambre. Je me suis couché il y a quelques heures à peine et je n’ai pas envie de me lever. Pas encore. Et puis, me mouiller pour Rage ? Non merci. J’ai déjà vu le groupe de Peavy Wagner à plusieurs reprises et je n’ai jamais accroché. Alain Boucly, qui a de nouveau accepté de chasser les images pour Music In Belgium est beaucoup plus courageux que moi. Debout à l’aube, bravant la tempête, il shoote à tout-va sans se soucier du sommeil ou de la pneumonie qui guette.

11h30. La pluie n’a pas cessé. Je fais encore l’impasse sur le Stoner de King Hiss avant de me décider à prendre la route. Shoote, Alain, Shoote !

N’empêche. J’ai trop trainé et j’arrive sur le site du festival quelques minutes trop tard pour pouvoir profiter la NWOBHM de Sweet Savage. L’un de mes grands regrets de la journée ! Shoote, Alain, Shoote !

Les dieux du Metal sont enfin avec nous. La pluie a cessé et c’est le cœur léger que traverse les terres boueuses qui mènent à la Swamp Stage. Je n’ai jamais aimé Kyuss et son ersatz instrumental suisse m’ennuie profondément. Après avoir subi le Stoner Psychédélique de Monkey3 durant quelques minutes encore, je file vers le bar pour partager la première bière de la journée avec Sophie, Claude et Jean-Christophe. Rien de tel que du houblon au litre et les amis à la pelle pour égayer une journée maussade !

Les choses sérieuses débutent pour moi avec Death Angel. Les Américano-philippins sont abonnés au pénitencier courtraisien puisqu’ils y séjournent tous les deux ans depuis 2011. Leur concert du jour marque donc le quatrième passage de l’Ange de la Mort à l’Alcatraz. Un Record ! Après la prestation somnolente de Monkey3, une décharge d’énergie s’impose et le Thrash Metal du gang de Mark Osegueda fait largement l’affaire. Puissant et énergique comme à son habitude, le furieux quintette réchauffe l’atmosphère et nous fait oublier les intempéries matinales. Rendez-vous dans deux ans pour la cinquième, alors ?

Du Sludge sur la Swamp Stage. Voilà qui ne nous aide pas vraiment à garder les pieds au sec. High On Fire déverse maintenant son torrent de Metal Boueux sous le chapiteau. Difficile de faire plus burné que le Sludge plombé de Matt Pike et ses compères. Les trois musiciens ont vraiment de la gueule et leur show, musclé de bout en bout, est véritable régal pour les amateurs de testostérone.

Premier show incontournable de la journée avec The Last In Line. Sur la prison stage, une incroyable brochette de légendes du Metal et du Hard Rock rendent hommage à LA légende ultime du Metal : Ronnie James Dio. À la batterie Vinny Appice (Dio, Black Sabbath, Heaven And Hell), à la guitare Vivian Campbell (NDR : actuel Def Leppard, Ex-Whitesnake, Ex-Thin Lizzy et, rappelons le, membre original (comme Vinny Appice) du groupe de Dio avec lequel il a mis en boite trois albums). À la basse Phil Soussan (Ozzy Osbourne, Billy Idol, Jimmy Page, etc.), aux claviers Erik Norlander (Asia, Joe Lynn Turner, Lana Lane, etc.). Seul le vocaliste Andrew Freeman est (pour moi, en tout cas) un illustre inconnu. The Last In Line n’est pas (uniquement) un tribute à Dio. Le groupe a publié l’année dernière un très bon album de compositions personnelles. Il en jouera d’ailleurs trois extrait sur les planches de l’Alcatraz. Mais il faut bien l’admettre, ce sont surtout les reprises de Dio qui font frissonner la foule.

Après les alarmantes nouvelles qui ont couru au sujet de son combat contre le cancer, quel plaisir ultime que de voir Vivian Campbell, le sourire béat, réinterpréter les joyaux du Heavy Metal que sont “Stand Up And Shout”, “Holy Diver”, “The Last In Line”, “Rainbow In The Dark” ou encore “We Rock” ! Un pur moment de bonheur. Autre bonne surprise avec Andrew Freeman qui réussit le petit exploit de chanter à la perfection les lignes de Dio sans pour autant tenter d’imiter sa voix si particulière. Pour moi, l’un des meilleurs souvenirs de cet Alcatraz 2017.

Autre très grand moment de la journée sur la Swamp Stage avec la prestation de Brant Bjork. Comme je l’ai dit plus tôt, je n’aime pas Kyuss et l’idée de voir l’un de ses membres fondateurs sur scène ne m’enchante pas plus que cela. J’y vais quand même, par curiosité. Celle-ci, pour une fois, n’a rien d’un vilain défaut puisque la prestation du Californien sera pour moi l’un des points d’orgue de la journée !


Difficile de faire plus cool que l’ami Bjork, avec son look de vétéran du Vietnam, sa démarche nonchalante et sa musique psychédélique enfumée qui (ouf) ne ressemble pas à celle de Kyuss, mais plutôt à la crème du Heavy Rock seventies. Ce mélange de riffs plombés et de jams interminables qui tient autant Grand Funk, Humble Pie et Black Sabbath que de Jimi Hendrix : un délice ultime qui, je l’avoue presque avec honte, me scotche sur place jusqu’à la dernière note !

Retour en plein air où, sans grande surprise, Iced Earth fait un carton plein. La foule est si compacte face à la Prison Stage qu’il est impossible d’avancer plus loin que la table de mixage. Sur les planches, Jon Schaffer et ses sbires font ce qu’ils font de mieux : du Power Metal. Le show est puissant, carré et rigoureux. Trop sans doute ! A titre personnel, je regrette un peu l’absence de spontanéité. Mais c’est vraiment la seule chose que l’on peut reprocher aux Américains, qui, en cette fin d’après midi, nous balancent quelques uns de leur meilleurs titres comme, par exemple “Pure Evil”, “I Died For You”, “Dark Saga”, “The Hunter” ou, en superbe final : “Watching Over Me” ! Un très bon concert d’Iced Earth… Comme tous les concerts d’Iced Earth.

Il est temps de rejoindre la Swamp Stage où, déjà, Obituary assène ses premiers uppercuts. Regarder Iced Earth jusqu’à la fin du set n’était manifestement pas une bonne idée puisque dans le chapiteau, toutes les places sont prises. Je me résigne donc à observer de loin ce qui me semble être le concert le plus violent du jour. Le gang des frères Tardy détruit tout sur son passage. Si la vue n’est pas idéale (NDR : la tribu des Doubles Mètres semble avoir décidé de prendre possession du territoire), le son, lui est clair et limpide et je profite (presque) comme les autres du véritable ouragan de Riffs et des Grunts reconnaissables entre mille du terrible John Tardy.

Retour à la scène principale où Testament nous offre un show en demi-teinte. D’un côté, le line-up impressionne Gene Hoglan (Dark Angel, Death, Devin Townsend, etc.) à la batterie, Steve DiGiorgio (Death, Sadus, etc.) à la basse, Alex Skolnick (Savatage, Trans-Siberian Orchestra, Ozzy, etc.) dans le rôle du guitar-hero et bien sur, l’immense Chuck Billy au crachoir… de l’autre, le son déçoit et le show est un peu trop statique pour une telle légende du Thrash Metal. Je reste donc sur ma faim !

Être plus soporifiques sur scène que sur album ! Pari tenu pour les Californiens de Sleep.


Le trio a beau s’enorgueillir du statut de groupe culte de la scène Doom/Stoner, sa prestation est hermétique et ennuyeuse au possible. Matt Pike (chant, guitare), que nous avons apprécié quelques heures plus tôt à la tête de High On Fire, nous offre ici le premier coup de mou de la journée. La première grosse envie d’être ailleurs. Au bar, par exemple, ou bien chez le dealer de hamburgers. Ou les deux !

Hydraté et rassasié, je suis fin prêt à affronter Venom. Deux ans après sa fulgurante visite de 2015, Cronos revient déverser la fureur de l’enfer sur Courtrai. La nuit tombe sur la plaine de l’Alcatraz. Idéal pour accueillir le sombre trio. Si, lors de sa dernière incarcération, Venom nous avait offert un véritable florilège de son infernale carrière, il en explore aujourd’hui quelques recoins plus obscurs en interprétant des titres plus récents comme ceux de “From The Very Death”, le dernier album en date sorti en 2015, dont il extrait six titres ou “Pandemonium”, un titre tiré de l’album du même nom sorti en 2000 ou même “The Evil One” qui ouvrait son opus “Cast In Stone” de 1996.

Nous avons quand même droit à quelques classiques comme “Bloodlust”, “Welcome To Hell”, “Countess Bathory”, “Black Metal” ou “Witching Hour”. Je l’avoue, le choix des titres me déçoit un peu. Cependant, le fait de voir Cronos au top de sa forme est un plus indéniable. Chose rare pour cette journée de samedi, le son de la scène principale est puissant et clair. Bon concert, donc. Notons pour la petite histoire, que Cronos n’a rien perdu du venin qui le caractérise. Avant de quitter la scène, il jette encore un peu d’huile sur les flammes de l’enfer en nous crachant une subtile allusion au conflit qui l’oppose à ses ex-collègues Mantas et Abbadon (NDR : qui viennent de sortir un nouvel album sous le patronyme de Venom Inc.) : “N’oubliez pas qu’il n’y a qu’un seul Venom” ! Jolie conclusion !

Ayant abusé jusqu’à la dernière minute de l’hospitalité de Venom, j’arrive à nouveau trop tard pour pouvoir m’insérer dans la foule qui se presse face à la Swamp Stage pour accueillir Abbath. Le groupe de l’ex-leader d’Immortal semble beaucoup apprécier l’odeur nauséabonde des fumigènes et de l’endroit où je suis placé (NDR : un mètre en dehors du chapiteau) je ne vois qu’un brouillard blanc. Je me désintéresse donc peu à peu de l’affaire, même si, au loin, il me semble reconnaitre quelques intéressants détours par la discographie d’Immortal avec, par exemple, les fabuleux “Nebular Raven Winter” et “Solarfall”.

Ce désintérêt forcé pour Abbath et son show nébuleux a une conséquence positive : j’ai largement le temps de me placer à une distance raisonnable de la Prison Stage afin d’assister dans de bonnes conditions au set de Saxon ! 23h30, Dans la foule, les conversations vont bon train et je ne préoccupe pas vraiment de la musique de fond. Le classique “It’s Long Way To The Top” d’AC/DC, joué un peu plus fort que les titres précédents aurait dû, en principe, me mettre la puce à l’oreille mais il n’en n’est rien. C’est donc avec une certaine surprise que je vois Biff Byford et ses acolytes apparaitre sur les planches sans autre introduction qu’une assourdissante explosion de son et de lumière !

“Battering Ram”, “Sacrifice” (NDR : les plages titulaires de deux derniers albums en date sortis respectivement en 2015 et en 2016) et un troisième titre que je ne parviens pas à identifier placés en ouverture me font craindre un ‘faux pas’ identique à celui de Venom. Saxon aurait il décidé de faire l’impasse sur ses classiques et d’axer son show du jour sur des titres récents ?
Heureusement il n’en est rien, comme le démontrent les explosifs “Motorcycle Man” et “Power & The Glory” joués ensuite. Bien que plus récent dans la discographie de Saxon, “Solid Ball Of Rock” (sorti en 1990 quand même), est en phase de devenir lui aussi un classique intemporel. Il faut dire que refrain n’est pas franchement difficile à mémoriser ! Je note au passage que si le son n’est pas exécrable, il n’est pas franchement bon non plus… moins bon que pour Venom en tout cas, un comble !

Les classiques s’enchainent sans discontinuer “And The Band Played On”, “20.000 Ft”, “Dallas 1PM”. Pour chacun d’entre eux, Biff semble vouloir remonter l’avenue des souvenirs ; mentionnant (presque à chaque titre) l’année de publication et racontant l’une où l’autre anecdote s’étant déroulée lors de la composition ou de l’enregistrement. Après avoir (vainement) tenté de nous faire passer l’insipide “Dogs Of War” (1995) pour l’un de ses classiques, le groupe nous balance une salve de ses hits les plus intemporels : “747 (Strangers In The Night)”, “Strong Arm Of The Law”, “Heavy Metal Thunder”, “Princess Of The Night” : Mortel !

Biff, qui semble persuadé que sa prestation du jour est diffusée en streaming, s’adresse directement aux accros de la toile qui, selon lui regardent le concert de chez eux et leur balance un généreux “Fuck Off ! ! Je ne suis pas certain que le concert ait été diffusé en direct, mais le bougre à raison : c’est en live que l’on vit un concert de Saxon, pas devant un ordinateur ! Nous approchons de une heure du matin et le concert se termine, mais avant de nous laisser rentrer chez nous Biff, Paul Quinn (guitares), Nigel Glockler (Batterie), Nibbs Carter (basse) et Doug Scarratt (guitares) nous offrent un rappel d’enfer avec rien de moins que “Wheels Of Steel”, “Crusader” et “Denim And Leather”. Notre seconde journée d’incarcération à vécu !

Les courageux, les insomniaques, les campeurs et les amateurs de Black Metal à l’américaine feront encore un dernier passage à la Swamp Stage pour assister à la prestation de Wolves In The Throne Room. N’appartenant à aucune de ces quatre catégories, je choisis de remettre à demain matin l’heure de ma prochaine dose de décibels.

Photos © 2017 Alain Boucly

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