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Forever Teenage Fanclub

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Soirée exceptionnelle à plus d’un titre ce samedi au Bota avec la venue des excessivement rares Teenage Fanclub à l’Orangerie. Les Écossais dont les visites dans nos contrées se comptent quasi sur les doigts d’une main venaient y présenter “Nothing Lasts Forever”, leur douzième album. Une livraison toujours aussi rafraîchissante qu’à leur éclosion au début des nineties…

Seul armé de sa guitare acoustique, Stephen Black aka Sweet Baboo s’apprêtait à entamer un marathon. Dans la foulée de la première partie, l’éminemment sympathique singer-songwriter Gallois allait en effet enchaîner en tant que sixième membre des stars de la soirée. Dans l’intervalle, ses compositions somme toute assez classiques se démarqueront grâce à un phrasé étonnamment compréhensible. Et une écriture à l’humour affûté basée sur des scènes de la vie courante devenant comme par enchantement captivantes (“Goodbye”, écrit pour le chien des voisins qu’il promenait pendant le confinement en est un parfait exemple). Mais il sait également se montrer mélancolique comme sur ce désarmant “Clear Blue Skies”. Pour peu, les versions dépouillées présentées ce soir surpassent celles enregistrées en studio…

Aussi surréaliste que cela puisse paraître, la dernière prestation de Teenage Fanclub dans une salle belge remonte à près de trente ans. C’était en novembre 1995 au Brielpoort de Deinze en support de Buffalo Tom quelques mois après la sortie de “Grand Prix”, leur premier top 10 anglais. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Creation, le célèbre label sur lequel ont été publiés leurs classiques, a notamment mis la clé sous le paillasson, ils ont créé le leur (PeMa) et Gerard Love, un des trois compositeurs-clés du groupe, a quitté le navire en 2018.

Cela n’a toutefois pas empêché Norman Blake et Raymond McGinley de poursuivre l’aventure, recrutant au passage Euros Child (le leader des regrettés Gorky’s Zygotic Minci avec qui le premier nommé avait créé Jonny voici une quinzaine d’années). Ce line-up réaménagé a contre toute attente tiré son épingle du jeu en publiant le solide “Endless Arcade” en 2021 et, tout récemment, “Nothing Lasts Forever”.

Loin de se vouloir prophétique, cette nouvelle plaque démontre au contraire l’habilité intacte des deux têtes pensantes à composer équitablement chacun de leur côté des titres intemporels qu’ils apportent ensuite à la communauté pour les assaisonner à la sauce Teenage Fanclub. La preuve notamment avec l’excellent “Tired Of Being Alone” qui marquera le point de départ du set. Juste après, “About You” nous replongera dans cette fameuse année 1995 en pleine période Britpop, une scène à laquelle ils ne seront pas associés mais qu’ils traverseront aisément.

Pendant toutes ces années, les cheveux se sont (au mieux) grisés et les rides ont fait leur apparition. Mais les voix, elles, n’ont pas bougé, comme l’attestera “Alcoholiday”, première incursion dans “Bandwagonesque”, leur album de référence sorti en 1991. La fraîcheur intacte de ce titre aux contours ensoleillés les rapprochant davantage de Los Angeles que de Glasgow. Une impression accentuée par des harmonies vocales omniprésentes qu’Euros Childs, derrière ses claviers, gère d’une main de maître (“Did I Say”, “I Don’t Want Control Of You”). De l’autre côté de la scène, on retrouve le précité Steven Black qui, lui, jongle avec la même dextérité entre guitare, saxophone, xylophone et maracas.

Le groupe promotionne son nouvel album et, parmi les extraits présentés ce soir, le soutenu “Falling Into The Sun” se démarquera aisément. Il succèdera à l’envoûtant et très Everly Brothers “I Left A Light On” alors que l’interprétation de “Back To The Light”, un peu plus tôt, sera sans doute la moins convaincante. Mais la formule dont ils maîtrisent les rouages à la perfection, quelque part entre les Byrds, les Beach Boys et Big Star, ne faiblit décidément pas. D’autant que la bonne humeur règne sur scène, même lorsque Norman se trompera de guitare sur le particulièrement nerveux “I’m In Love”.

Bien entendu, les spectateurs s’emballeront sur les hits que sont “What You Do To Me” et l’impeccable final “The Concept” en mode communion mais les extraits de “Songs From Northern Britain” (1997), chantés par Raymond presqu’à la manière d’un James Dean Bradfield (Manic Street Preachers), mériteront franchement le détour. Tant “Your Love Is The Place Where I Come From” qu’“It’s A Bad World” et ses délirants effets wah-wah constitueront des sommets du set auquel on pourrait aussi rajouter, dans la même veine, “My Uptight Life”.

On s’attendait à voir le groupe déballer la grosse artillerie lors des rappels mais il n’en a curieusement rien été. Aux côtés d’un ultime nouveau titre à deux voix rehaussé d’un saxophone addictif (“See The Light”) et d’un retenu “Back In The Day” à peine plus ancien, ils balanceront leur tout premier single sorti voici trente-trois ans, “Everything Flows”. Un titre atypique avec les tendances de l’époque, qu’elles soient anglaises (shoegaze) ou américaines (grunge). Et c’est peut-être pour cette raison qu’ils sont toujours aussi pertinents…

SET-LIST
TIRED OF BEING ALONE
ABOUT YOU
BACK TO THE LIGHT
ENDLESS ARCADE
ALCOHOLIDAY
DID I SAY
I LEFT A LIGHT ON
FALLING INTO THE SUN
YOUR LOVE IS THE PLACE WHERE I COME FROM
EVERYTHING IS FALLING APART
WHAT YOU DO TO ME
IT’S A BAD WORLD
I DON’T WANT CONTROL OF YOU
I’M IN LOVE
MY UPTIGHT LIFE
THE CONCEPT

BACK IN THE DAY
SEE THE LIGHT
EVERYTHING FLOWS

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