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The Inspector Cluzo, entre botanique et Botanique

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Pour The Inspector Cluzo, authentiques rock farmers from Les Landes, la frontière entre culture et agriculture n’existe tout simplement pas. “Horizon”, leur nouvel album, enfonce une nouvelle fois la fourche là où ça fait mal, entre urgence climatique et industrialisation à l’extrême. Ils nous ont raconté tout cela en long et en large à la Rotonde du Botanique lors d’une soirée à nulle autre pareille…

Une soirée entamée par la prestation en solitaire de Nate Bergman, costaud singer-songwriter moustachu dont le premier album, “Metaphysical Change”, est sorti l’an dernier. Pendant une bonne demi-heure, le natif de Washington DC alternera guitare acoustique et électrique au service de compositions tristounettes, certes, mais jamais larmoyantes. La clé ? Une solide voix qui pourrait invariablement le voir officier en tant que leader d’un groupe metal ou d’outlaw country voire, comme le suggère le futur single “If I Was”, crooner des temps modernes. Quant à ses impressionnantes envolées sur le final “Into My Arms”, elles blufferont des spectateurs définitivement conquis.

En avril dernier, The Inspector Cluzo a ouvert pour Eels à Forest National. Malgré un endroit de prime abord démesuré pour eux, les deux Landais ont fait le job sans se poser de questions. Et avec une certaine réussite, les extraits de “Horizon”, publié quelques semaines auparavant sur leur propre label (baptisé non sans humour Fuck The Bass Player) passant admirablement le cap de la scène.

Un album sur lequel ils véhiculent inlassablement leur activisme en tant qu’agriculteurs indépendants, plaidant en faveur de la biodiversité, de l’agroécologie et du respect de la nature tout en militant contre les multinationales et la surproduction. Tout est d’ailleurs impeccablement résumé sur le titre d’intro en forme de slogan : “Act Local Think Global”. Sur scène, cela déménage déjà sec, le duo n’ayant besoin d’aucun round d’observation pour jouer à plein régime.

À gauche, Laurent Lacrouts, batteur tranquille d’une redoutable efficacité au look proche de celui de Nestor au château de Moulinsart. Détail amusant, son béret basque passe la totalité du concert suspendu à un micro au-dessus de son kit. À droite, Mathieu Jourdain, guitariste à l’abondante chevelure hirsute qui manie sa guitare aussi habilement qu’un sécateur et dont la voix transcende des compositions taillées véritablement pour le live. Sans parler d’un accent ensoleillé qui illumine ses pertinentes interventions.

Sur “Horizon”, on parle de leurs oies sauvées d’une mort préventive certaine en pleine crise de grippe aviaire grâce à un geste de désobéissance civile et d’un professeur-chercheur qui sera remercié ce soir (le musclé “Saving The Geese”). Même si elles finiront tout de même par passer à la casserole puisqu’on les retrouve en confit maison au stand merchandising. On y croise également des hirondelles à travers cette splendide pièce d’anthologie qu’est “Swallows” au milieu des contraintes liées à la gestion de leur petite entreprise artisanale (l’explicite “Running A Family Farm Is More Rock Than Playing Rock N Roll Music”).

De rock‘n’roll, il en sera bien évidemment question, d’autant que les deux gaillards se comportent sur scène comme à la ferme. Pas de bandes préenregistrées d’un côté, pas d’insecticides de l’autre. Un raisonnement cohérent qui les pousse à se surpasser et à laisser le superficiel aux autres groupes. Ce n’est pas pour rien qu’Iggy Pop himself participe à sa manière à la version studio de “Rockophobia”, un des titres les plus nerveux présentés à la manière d’un Jack White (avec qui ils partagent le producteur Vance Powell, ceci expliquant cela) et qui se terminera en véritable hymne de stade de foot. Juste avant, le tranchant “The Armchair Activist” s’inspirera largement d’un rock seventies à la Led Zeppelin.

Mais ils savent aussi se la jouer en phase avec la quiétude de la nature, comme sur “Shenanigans”, genre de blues rural crasseux ou “Horizon”, ode aux larges espaces Landais, leur inspiration quotidienne. Autre moment fort, cette délicate cover du “Hey Hey My My” de Neil Young, un autre ardent défenseur de l’écologie. Ils rendront également hommage au regretté David Crosby via une interprétation survitaminée de son politisé “Almost Cut My Hair”.

Dans la foulée, l’ouragan “Put Your Hands Up” ravagera tout sur son passage, y compris le kit de batterie, n’empêchant aucunement l’ami Laurent d’aller jusqu’au bout de la prestation en adoptant des positions parfois rocambolesques. Un final classique mais toujours aussi efficace, ponctué par le traditionnel salut chorégraphié et les remerciements en gascon. Une nouvelle mission accomplie. Et de quelle manière…

SET-LIST
ACT LOCAL THINK GLOBAL
SHENANIGANS
SAVING THE GEESE
RUNNING A FAMILY FARM IS MORE ROCK THAN PLAYING ROCK N ROLL MUSIC
HORIZON
THE OUTSIDER
SWALLOWS
HEY HEY MY MY
THE ARMCHAIR ACTIVIST
ROCKOPHOBIA
ALMOST CUT MY HAIR
PUT YOUR HANDS UP

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