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Moonspell au Trix ou comment se désensabler les portugaises

Cela faisait un moment que j’avais le projet de shooter le groupe portugais Moonspell. Le 30 octobre dernier, les étoiles étaient enfin alignées et j’allais pouvoir réaliser mon rêve.

Nous arrivons un peu tardivement au Trix, alors que la prestation du combo suisse de steampunk metal Silver Dust est déjà en train de faire découvrir ses pépites métalliques made in hell-vetia à un public encore relativement clairsemé. Au programme “Libera Me” (extrait de l’album “House 21” de 2018), “The Unknown Soldier” (2018), “The Age of Decadence” (extrait de l’album “The Age Of Decadence” de 2016), “Forever” (2018), un duo orgue/guitare, “La La La La” (2018), “The Calling” (2018), “The Judgement Day” (2016), “Ave Satani” et “It’s Time” (2018).

Silver Dust n’est pas un inconnu dans nos colonnes, mais c’était la première fois que nous avions l’occasion de voir le combo helvétique se produire sur scène en chair et en os. Il faut dire que l’expérience fut des plus plaisantes, les Suisses ne tardant pas à mettre en place un univers captivant, presque hypnotique, au son de sa musique très originale, aux accents steampunk et parfois franchement burtoniens. Le set passe à une allure folle. Il faut dire qu’il se passe toujours quelque chose grâce au maître d’oeuvre Lord Campbell qui s’y entend comme pas deux pour tenir son public en haleine. Bref, la soirée a bien démarré!

Après cette agréable mise en appétit, nous attendons avec impatience le groupe suivant, à savoir les grecs de Rotting Christ.  Il s’agit là aussi d’une première car le combo hellène avait toujours réussi à échapper à notre sagacité concertique jusqu’à ce jour. C’est donc avec impatience et le coeur battant que nous voyons arriver sur scène les apôtres grecs du black/dark metal. D’entrée de jeu, nous sommes pris par le souffle divin du quatuor formé par Sakis Tolis (guitare et voix), George Emmanuel (guitare), Van Ace (basse) et Themis Tolis (batterie). Comment ne pas être emporté par ces mélodies puissantes qui vous chavirent en emportant tout sur leur passage! Il faut dire que le groupe existe depuis 1987 et qu’il a pas mal roulé sa bosse, peaufinant son art d’album en album. Le combo grec assure actuellement la promotion de son 13e opus “The Heretics” (2019).

Côté setlist, le public du Trix se voit proposer un programme copieux composé des morceaux suivants: “666” (2013), “dub-sag-ta-ke” (2010), “Fire, God and Fear” (2019), “Kata Ton Daimona Eaytoy“(2013), “Apage Satana” (2016), “Dies Irae” (2019), “The Forest of N’Gai” (1991), “Societas Satanas” (reprise de Thou Art Lord), “King of a Stellar War” (1996), “In Yumen-Xibalba” (2013), “Grandis Spiritus Diavolos (2013) et “Non Serviam” (1994).

Une setlist qui a ravi les fans de toutes les époques.  Une prestation décoiffante qui prouve bien – si c’était encore nécessaire ! – que Rotting Christ fait partie du panthéon des dieux du dark/death metal!

Arrive enfin le moment de découvrir la tête d’affiche de la soirée, la formation portugaise de métal gothique d’avant-garde Moonspell. Apparu sur la scène métal en 1992 après avoir existé trois ans sous le nom de Morbid God, le groupe Moonspell peut se targuer d’une belle longévité et d’une discographie de 12 albums studio, le dernier en date étant “1755” dont vous aviez pu lire la chronique sur notre site.

Sur scène, on retrouve le chanteur-poète Fernando Ribeiro,  toujours entouré de Miguel Gaspar à la batterie, Pedro Paixão et Ricardo Amorim qui se partagent les claviers et la guitare, ainsi qu’Aires Pereira à la basse.
Les Portugais nous emmènent pour un trip musical de 16 titres revisitant à peu près l’ensemble de leur répertoire, en mettant quand même un peu l’accent sur leur petit dernier: “Em Nome Do Medo” (2017), “1755” (2017) que Fernando Ribeiro interprète affublé d’un masque d’oiseau en cuir, “In Tremor Dei” (2017), “Desastre” (2017), “Opium” (2003), “Awake” (1996), “Night Eternal” (2008), “Breathe (Until We Are No More)” (2015), “Abysmo” (1998), “Mute” (1998), “Everything Invaded” (2008), “Evento” (2017), “Mephisto” (1996) et le géantissime “Alma Mater” (1995), avant de revenir pour deux titres en rappel: “Todos os santos” (2017) et “Full Moon Madness” (1996).
Un concert spectaculaire, par l’intensité de la musique et du lien entre le chanteur charismatique et son public. Un concert inhabituel aussi, où le portugais fait presque jeu égal avec l’anglais. Le public est conquis, même si nous déplorons quelques longueurs dans la deuxième partie du set. Autre point étonnant: il semble régner une certaine distance entre les musiciens et le chanteur. Le spectacle est bien huilé, mais on ne perçoit guère de complicité entre les protagonistes.
Cela mis à part, la qualité musicale du répertoire proposé est indubitable. Le point commun entre Moonspell et Rotting Christ est cette impression d’être totalement emportés par la musique, par un souffle créatif puissant et des ambiances hors du commun. Le tout servi par des musiciens impeccables.

Bref, les organisateurs de cette belle soirée au Trix ont eu le nez fin en nous concoctant ce programme très international à dominante méditerranéenne.

Accréditation: Mike de Coene (Hard Life Promotion)

Galerie: Silver Dust | Rotting Christ | Moonspell
Article: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2019 Hugues Timmermans

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