ARTILLERY – Terror squad (1987)
Nous retrouvons les Danois d’Artillery lors de leurs débuts, en ces riantes années 1980, temps heureux où la guerre froide régnait encore entre les gentils de l’Ouest et les méchants de l’Est et où les chevelus amateurs de heavy metal construisaient des pans entiers de sous-genres nouveaux pour leur musique de prédilection. En matière de thrash metal, Artillery était sans doute le top du top en Scandinavie à l’époque.
Après avoir frappé bien fort avec son premier album ʺFear of tomorrowʺ en 1985, Carsten Nielsen (batterie), Jørgen Sandau (guitare), Morten Stützer (basse), Michael Stützer (guitare) et Flemming Rönsdorf (chant) vont rajouter quelques rivets en titane et des mitrailleuses supplémentaires sur leur nouvel engin blindé, un ʺTerror squadʺ encore plus efficace que le précédent album. Comme sur ʺFear of tomorrowʺ, c’est le label Neat records qui assure la commercialisation et c’est le producteur Lars Christensen qui règle les manettes et pousse les boutons vers le rouge.
Les hommes d’Artillery s’acquittent ici d’un album redoutablement agressif, un vrai bonheur pour les guitaristes qui s’en donnent à cœur joie. Un commentateur du Net a même réussi à identifier plus de 80 riffs différents au cours de la quarantaine de minutes que dure l’album. Je n’ai pas refait le compte mais j’avoue que ça défile effectivement dans les oreilles à la manière d’une ruée de cosaques sur un village ukrainien. Les trois premiers titres ʺThe challengeʺ, ʺIn the trashʺ et ʺTerror squadʺ pilonnent d’entrée de jeu et ne laissent aucun répit aux tympans. Le chant aigu et puissant de Flemming Rönsdorf sonne l’hallali en permanence et lance ses compagnons instrumentistes dans des chevauchées de la mort qui tue.
La pression est maximale d’un bout à l’autre de l’album et ce sont encore de nouvelles munitions fraisées à chaud qui nous tombent sur la poire, avec un ʺHunger and greedʺ à la finesse turco-mongole, un ʺTherapyʺ qui vous envoie directement à l’asile sans aucun espoir de retour, un ʺAt war with scienceʺ forgé dans un laboratoire secret dirigé par un savant fou et un ʺDecapitation of deviantsʺ qui donne envie de faire quelques moulinets à la hache au milieu d’une foule de zombies putréfiés.
Seule ombre au tableau de cette impressionnante galette : la pochette du disque, assez moche et qui semble avoir été dessinée par un apprenti dessinateur à qui on aurait piqué la moitié de ses crayons de couleur car il y a manifestement des couleurs qui manquent. Mais on s’en fout, qu’importe le flacon pour peu qu’on ait 20 000 tonnes de riffs fumants qui nous aplatissent pour le compte.
En 1990, Artillery allait encore monter davantage en puissance avec ʺBy inheritanceʺ, considéré comme son chef-d’œuvre. Mais malheureusement, ce disque n’est pas encore au programme des rééditions de Dissonance Productions. C’est aussi le dernier de l’âge d’or d’Artillery, qui va se séparer et se reformer plusieurs fois, connaître des profonds changements de personnel et se reconstituer finalement en 2008 autour des frères Stützer pour une nouvelle carrière discographique qui se poursuit toujours aujourd’hui.
Pays: DA
Dissonance Productions
Sortie: 2019/02/22