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BIZARRE – Invocation codex

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Serait-il possible qu’avec quelques invocations, on fasse surgir du tréfonds des enfers pléthore de monstres terrifiants et entités diaboliques dormant dans des dimensions non-humaines ? Il semble que quelques adorateurs de Chtuluh, Dagon, Azathoth ou Nyarlathotep aient récité quelques versets du Necronomicon afin de faire revenir sur terre tout le bestiaire monstrueux imaginé (ou deviné ?) par Lovecraft. Mais tout ce qu’ils ont réussi à faire, c’est de susciter la création d’un dévastateur groupe de death metal appelé Bizarre. Et si, après tout, ces adorateurs maudits n’étaient autres que les membres de Bizarre ?

C’est la question qu’on en droit de se poser quand, accroché aux barreaux de notre lit, on essaie de ne pas se faire emporter par le souffle incommensurable du death qui bondit de l’album ʺInvocation codexʺ, premier effort de Bizarre pour fissurer la Terre en deux. Ce sont les chercheurs de Transcending Obscurity qui ont découvert le phénomène, alors qu’il ravageait les terres situées entre Madrid et Barcelone.

Il faut dire que les bouchers-charcutiers opérant dans Bizarre avaient déjà eu l’occasion de se faire les dents dans d’autres groupes. Obszen (guitare), Uretra (batterie), Funedëim (basse et chant) et Evilead (guitare) montent ce groupe en 2015, tout en évoluant dans des tas d’autres combos. Evilead est repérable chez Elderdawn, Insidious War, Moribund ou Famishgod, qui pratiquent principalement le doom metal. Obszene a aussi rejoint récemment Onirophagus, où il retrouve Uretra, démissionnaire de Bizarre en 2019. Ce dernier est remplacé par V-Kazar, alias Gabriel Valcazar, au CV déjà bien rempli pour ses 27 ans (Black Desert, Wormed, Aposento, ex-Ethos, 6TEPS, Ernia, Invisible Symmetry, Tempo Phonia). L’autre partant est Funedëim, qui laisse en 2017 son micro à Mark Berserk, également un homme très occupé (Aposento, Cult of Self Destruction, Deviltook, Leviathan, Metal Against Coronavirus, No Life Code, ex-Deception, Necrowitchery, The Midnight Spookshow, ex-Nekrotech, ex-Vondage). La basse passe un moment entre les mains d’un certain Kasky Svart, avant de revenir en 2020 dans celles d’Obszen, qui laisse la seconde guitare, Evilead devenant l’unique guitariste de Bizarre.

Tous ces mouvements retardent la production discographique du groupe, qui n’a le temps que de publier un EP ʺInner Necropolisʺ en 2016 avant de sortir enfin son premier album ʺInvocation codexʺ. Comme on le disait en début de chronique, cet album attire les monstres souterrains qui passent par les câbles des tourne-disques pour finalement se fracasser à grands bruits contre les murs des salons des auditeurs. Quelques titres de morceaux sont purement lovecraftiens, comme ʺThe shadow over Innsmouthʺ (référence à une ville où pullulent d’étranges créatures mi-hommes, mi-batraciens), ʺIn the bowels of Voormithadrethʺ (du nom d’un volcan éteint situé en Hyperborée), ʺAncient forgotten Tsathogguaʺ (un dieu qui repose précisément dans le volcan Voormithadreth) ou ʺThe call of the great old onesʺ (qui évoquent les Grands Anciens, c’est-à-dire ces dieux provenant de l’espace et cachés depuis des temps immémoriaux dans les entrailles de la Terre).

Les gens de Bizarre connaissent leur Lovecraft sur le bout des doigts mais ils savent aussi créer l’horreur sonore par leurs propres moyens. Leur death metal plutôt virulent est un excellent remède pour nettoyer le fond des tympans en profondeur, ou encore pour procéder à la démolition de bunkers en béton armé. Que l’on soit dans des rythmiques furieusement véloces (ʺThe shadow over Innsmouthʺ), le riff mammouth (ʺAn obsolete creationʺ) ou le tempo ralenti à l’épaisseur de mastodonte (ʺSouls in formaldehydeʺ), le conduit auditif est traité avec efficacité par un chant d’ours enroué, des guitares brutales et des ambiances morbides qui viennent de temps à autre aérer un album en général extrêmement dense. La succession de morceaux massifs et étouffants laisse rarement le temps de respirer. Bizarre développe un côté death old school qui lorgne du côté du grand nord (Adramelech, Amorphis, Depravity, Sentenced, Cemetary, Gorement), paie son tribut à l’ultra influent Morbid Angel et rejoint les rangs de tueurs modernes comme Ghastly ou Sepulchral Curse. Il y a donc de quoi bien s’amuser pour les candidats à l’émiettement de boîtes crâniennes contre les murs.

Le groupe :

Obzen (basse)
Mark Berserk (chant)
Evilead (guitare)
V-Kazar (batterie)

L’album :

ʺThe Voidʺ (0:57)
ʺAn Obsolete Creationʺ (4:54)
ʺThe Shadow over Innsmouthʺ (4:04)
ʺAnimaʺ (0:58)
ʺEx Oblivioneʺ (4:44)
ʺSouls in Formaldehydeʺ (4:52)
ʺFrom Beyond the Graveʺ (3:38)
ʺThe Speeches of the Damnedʺ (0:37)
ʺAwaiting the Equinoxʺ (4:22)
ʺIn the Bowels of Voormithadrethʺ (3:56)
ʺThe Advent of Eternal Painʺ (4:52)
ʺThe Call of the Great Old Onesʺ (1:35)
ʺAncient Forgotten Tsathogguaʺ (3:48)

https://bizarredeath.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/bizarremetal

Pays: SP/ES
Transcending Obscurity
Sortie: 2021/10/29

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