BORKNAGAR – True north
C’est encore influencés par les gigantesques albums ʺUrdʺ (2012) et ʺWinter thriceʺ (2016) que nous abordons l’écoute du nouvel album de Borknagar, ʺTrue northʺ, avec un enthousiasme mêlé de questionnements angoissés : un groupe qui a aligné deux chefs-d’œuvre d’un coup va-t-il pouvoir rééditer l’exploit? Et la réponse est… (tic, tac, tic, tac, la sueur perle au front des lecteurs suspendus au verdict du critique rock) … oui !
Il faut cependant détailler ce verdict car le processus d’écriture qui a donné naissance à ʺTrue northʺ est complexe et intervient après quelques changements, à la fois de personnel et d’orientation musicale, une pratique que Borknagar connaît bien. Le penseur, fondateur et lider supremo du groupe, Øystein G. Brun, a pris le temps de préparer les fondations de ce nouvel album. D’abord, il fallait défendre l’album précédent au cours de quelques longues tournées durant ces trois dernières années, puis vint le moment de concevoir le successeur.
Fidèle à son habitude, Øystein G. Brun a pris soin de choisir ses collaborateurs, conservant la plupart de ceux qui avaient participé à ʺWinter thriceʺ mais recrutant aussi quelques nouvelles têtes. Le grand absent est le chanteur Vintersorg, connu pour son chant hurlé sur les albums précédents. Mais les vétérans Lars A. Nedland (claviers et chant) et le légendaire I.C.S. Vortex (basse et chant) rempilent pour un nouveau tour d’opération, tandis que le guitariste Jostein Thomassen et le batteur Bjørn Dugstad Rønnow remplacent respectivement Jens Ryland et Baard Kolstad. Ces nouveaux venus n’ont pas été choisis au hasard. Monsieur Brun a fait confiance à son flair pour trouver les gens avec lesquels la meilleure osmose est capable de se créer. Il laisse aussi une grande liberté créatrice à ses accompagnateurs, accueillant par exemple pour le nouvel album trois chansons de Lars Nedland et deux d’I.C.S. Vortex.
Le travail sur les nouvelles chansons a été mené avec une méticulosité monacale. Il a fallu d’abord sélectionner neuf des treize chansons qui étaient sur le pas de tir pour le lancement de ce nouveau disque. Puis ce furent des séances d’enregistrement dans divers studios en Norvège, un mode opératoire habituel chez Borknagar. Les parties de batterie sont captées au Strand Studio à Oslo, tandis que le reste de l’album est conçu dans le Crosound, le studio personnel d’Øystein G. Brun dans la campagne du Hordaland. Là, le groupe est resté cloitré plusieurs jours et a enregistré avec une discipline de fer, laissant juste le mixage et la mastérisation à Jens Borgen, qui avait déjà opéré sur les deux précédents disques de Borknagar.
Par contre, l’image de la pochette du disque vient d’un endroit situé de l’autre côté de la Norvège, bien loin de Bergen où évolue Borknagar. C’est l’impressionnante montagne de l’Årbostadtinden, sur une île pas loin du Cap Nord, qui illustre la conception que Borknagar se fait du ʺTrue northʺ, ce nord authentique qui transpire dans les chansons du nouvel album. Musicalement, les hommes de Borknagar ont illustré ce nord, avec une fusion d’un métal folkisant et de riffs enlevés. On est ici loin de l’étiquette black metal qui était collée aux bottes de Borknagar. Chemin faisant, le groupe a considérablement évolué et il cherche ici de nouvelles étapes dans son parcours musical.
L’épique côtoie le sensible, la mélodie vient assouplir la puissance des guitares et de la rythmique, le chant clair de Lars Nedland s’enlace autour des hurlements plus gutturaux d’I.C.S. Vortex. C’est ainsi que le groupe tresse de somptueux morceaux comme ʺThunderousʺ, qui démarre le disque avec huit minutes intenses, ou ʺTidalʺ qui se distingue aussi par neuf minutes de métal mélodique tourmenté et romantique. On passe par une phase plus calme en milieu d’album, où ʺLightsʺ et ʺWild father’s heartʺ donnent davantage de place à de la mélodie, de l’introspection et un métal progressif de haut vol. La fougue tient plus dans le camp de ʺMount raptureʺ ou ʺInto the whiteʺ qui relancent de grandes chevauchées électriques, où mélodie et énergie se tiennent toujours tête l’une envers l’autre.
Et lorsque ʺVoicesʺ vient conclure l’album avec sa magistrale puissance évocatrice, on n’a plus qu’à se dire qu’on est encore en présence d’un album remarquable de Borknagar. Une édition limitée du CD propose un digipack avec deux titres bonus, à savoir deux versions démos de ʺWild father’s heartʺ et ʺUp northʺ. Enfin, notons que Borknagar est annoncé en concert le 7 décembre 2019 au JOC Ghentbrugge à Gand, une occasion de voir ce grand groupe sur scène.
Le groupe :
Øystein G. Brun (guitares)
Lars A. Nedland (claviers et chant)
I.C.S. Vortex (basse et chant)
Jostein Thomassen (guitare lead)
Bjørn Dugstad Rønnow (batterie)
L’album :
- “Thunderous” (08:34)
- “Up North” (06:29)
- “The Fire That Burns” (06:33)
- “Lights” (05:04)
- “Wild Father’s Heart” (05:42)
- “Mount Rapture” (06:08)
- “Into The White” (05:57)
- “Tidal” (09:32)
- “Voices” (05:07)
https://www.facebook.com/borknagarofficial/
Pays: NO
Label: Century Media
Sortie: 2019/09/27