HALTLI, Frode – Border woods

Frode Haltli est un accordéoniste né à Levanger, dans le centre de la Norvège, en 1975. Voilà, si vous voulez vous faire remarquer lors d’un prochain cocktail d’ambassade, vous pourrez toujours citer le nom d’un accordéoniste né à Levanger en 1975, ce n’est pas tout le monde qui sait ça. Frode Haltli pratique le piano du pauvre depuis l’âge de sept ans et a glané avec le temps quelques récompenses et bourses d’études qui ont culminé avec le premier prix de la télévision norvégienne en 1991. A partir de 1994, Frode Haltli étudie à l’Académie de musique de Norvège et au Conservatoire royal du Danemark à Copenhague, où il débute sa carrière avec un concert donné en 2000. L’année suivante, Haltli empoche le prix de l’artiste solo de l’année, attribué par l’institut des concerts de Norvège lors du festival international de Bergen. Les poches s’alourdissent aussi avec un deuxième prix à l’issue d’un concours d’interprètes aux Pays-Bas.

La cheminée de Frode Haltli finit par être bien garnie, puisque se rajoutent l’équivalent norvégien du Grammy (le Spellemannprisen) pour le meilleur album de musique contemporaine lors de la sortie de son premier disque ʺLooking on darknessʺ en 2002. Ce même album décroche le prix Gus Viseur en France deux ans plus tard.

Autant décoré qu’un maréchal soviétique, Frode Haltli peut se lancer dans une carrière riche qui va se solder par toute une série d’albums solos mais également en coopération avec deux groupes, POING (de l’électro-acoustique joué avec Rolf-Erik Nystrøm (saxophone) et Håkon Thelin (contrebasse), six albums au compteur depuis 2003) et Rusk (folk norvégien avec Unni Løvlid (chant) et Vegar Vårdal (violon), deux albums en 2002 et 2006). Sous son nom propre, Frode Haltli édite également les albums ʺPassing imagesʺ (2007), ʺArne Nordheim complete accordion worksʺ (2012), ʺVagabond bluʺ (2014), ʺAirʺ (2016) et ʺAvant folkʺ (2018).

Et voici le tout dernier album de Frode Haltli, qui opère ici avec Emilia Amper (nyckelharpa), Håkon Stene (percussions) et Erik Raude (percussions). Si vous voulez continuer à briller dans les cocktails d’ambassade, il faut quand même dire deux mots sur ce truc étrange qu’est le nyckelharpa : c’est une sorte de croisement entre un violon et une guitare, cousin de la vielle à roue, inventé en Suède au 16e siècle. On y joue avec un archet et on appuie également sur des touches chromatiques situées sur le manche de l’instrument. Avec l’accordéon de Frode Haltli, cet instrument va contribuer à faire de cet album ʺBorder woodsʺ une collection de sonorités peu courantes. L’album est composé de six morceaux, dont les longs ʺMostamägg Polskaʺ (quinze minutes) et ʺValkola Schottisʺ (onze minutes) vont permettre des développements aventureux, mais toujours minimalistes. On est dans de l’instrumental complet, à la merci d’ambiances flottantes, aux sonorités médiévales, qui vont permettre de se livrer à de la méditation transgénique ou à communiquer avec les âmes des paysans du Trøndelag morts au 17e siècle.

Ce n’est donc pas l’album de tout le monde, on est dans de la musique contemporaine à vocation folk et expérimentale. Mais si vous êtes coutumiers d’autres artistes norvégiens complexes comme Kim Myhr ou Øyvind Torvund, vous pourrez aisément retomber sur vos pattes dans le labyrinthe sonore et captivant de Frode Haltli.

Le groupe :

Frode Haltli (accordéon)
Emilia Amper (nyckelharpa)
Håkon Stene (percussions)
Erik Raude (percussions)

L’album :

“Wind Through Aspen Leaves” (04:01)
“Mostamägg Polska” (15:41)
“Wood and Stone” (02:05)
“Taneli´s Lament” (Sorrow Comes To All…) (03:47)
“Valkola Schottis” (11:05)
“Quietly the Language Dies” (06:27)