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PINIOL – Bran coucou

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Quand deux groupes décident de fusionner, l’histoire a toujours montré que ce sont seulement quelques membres de chaque groupe qui en créent un nouveau, les autres membres laissés de côté retournant à l’usine ou créant eux aussi un autre groupe. Mais le cas de la fusion de deux groupes avec à bord la totalité de tous les membres d’origine est assez inédit. C’est ce qui est arrivé à Piniol, issu de deux groupes français qui s’appelaient Poil et Ni. Ces facétieux gamins ont donc fait une anagramme à partir des deux noms, dont les fins lettrés en argot français un peu graveleux auront retenu toute la finesse poétique.

Ce qui est également assez original chez Piniol, c’est que le groupe évolue sur scène avec deux sections batterie-basse-guitare de chaque côté d’un claviériste qui sert de liant. On connaissait les groupes à deux batteries jouant de façon parfaitement coordonnée mais quand cette coordination s’étend à tous les éléments d’un groupe de façon dédoublée, on arrive ici à des subtilités assez déconcertantes.

Et déconcertants, les gens de Piniol risquent de l’être plus que prévu car vous vous doutez bien qu’un groupe aussi riche d’idées ne va pas se contenter de nous sortir de la pop à trois sous ou du heavy metal texan couru d’avance. C’est là où intervient un nouvel aspect original du groupe, avec son style qui va chercher de nouvelles idées très loin dans les territoires du math rock, de la noise, du jazz et de l’avant-rock. On pourrait aussi y voir une jonction entre un postcore tourmenté et un rock progressif ultra-puissant, une sorte de postcore prog ou de post progcore, comme on veut.

Ici, Antoine Arnera (claviers et chant), Boris Cassone (basse et chant), Guilhem Meier (batterie et chant), Anthony Béard (guitare et chant), François Mignot (guitare et chant), Benoit Lecomte (basse et chant) et Jean Joly (batterie) nous ont concocté sept titres qui vont nous chatouiller l’esprit pendant 67 minutes. Autant dire que certains titres s’étirent en longueur, effleurant par deux fois le quart d’heure et déversant dans les oreilles des tempêtes et tourbillons de sons heurtés (“Pilon bran coucou”), de phases instrumentales chaotiques très percutées (“Sho-shin”), jouant avec nos nerfs entre hardcore complexe (“Kerberos”) et space rock intello (“Orbite”). Un morceau curieusement titré “François 1er” ne dépareille pas l’ensemble, avec ses tensions progressives et ses montées en puissance sonore.

Nous sommes heureux de voir que la France a enfin entamé son ère post-Johnny Hallyday et que les imaginations fusent de partout dans l’Hexagone. Dans ce bouillonnement, Piniol apparaît comme l’un des groupes les plus intéressants et originaux. A ne pas lâcher des yeux ni des oreilles.

Pays: FR
Dur & Doux
Sortie: 2018/04/27

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