WILD CENTURY, The – Organic
Ce groupe débarque de Breda aux Pays-Bas, pas loin de la frontière avec la Belgique et porte sur ses bottes une merveilleuse boue psychédélique qui semble venir directement de la fin des années 60. The Wild Century a commencé à produire des albums à partir de 2018 et en est ici à son quatrième. Après ʺRaga blueʺ (2018), ʺRawʺ (2019), ʺ5ʺ (2021), voici ʺOrganicʺ, un album qui opère de la même façon que les précédents, avec au maximum six morceaux dont les durées tournent facilement autour des sept à dx minutes.
En matière de rock psychédélique, Stan Aarts (chant et guitare), Joris Verbogt (chant, basse et guitare), Gerton Govers (chant, sitar et guitares), Butsenzeller (batterie et percussions) et Paola Pica (chant et orgue Hammond) en connaissent un sacré rayon. On dirait même qu’ils ont été congelés quelque part entre la fin des années 60 et le début des années 70 et qu’ils sont revenus à la vie en retrouvant les sonorités apprises à l’écoute de groupes psychédéliques néerlandais d’époque comme les Outsiders, Q65, Focus, ou les Américains des Electric Prunes ou les anglais d’Arcadium.
Dès ses débuts, The Wild Century visite les aspects les plus rêveurs du psychédélisme, avec force sitar et batterie ralentie. Si ʺRaga blueʺ est sympathique dans le genre, le groupe trouve ses sonorités à partir des albums suivants, avec le heavy psych stoner de ʺRawʺ (qui commence à s’aventurer dans les morceaux de neuf à dix minutes : ʺDone lost your good thing nowʺ, ʺHelpless thingʺ). Le groupe continue l’affinage sur ʺ5ʺ (qui n’est pas le cinquième album mais contient cinq morceaux, comme les précédents, d’ailleurs) et aboutit dans la perfection magnifique avec ʺOrganicʺ.
Ici, ce sont des baffes lysergiques qui viennent nous fouetter le visage. Les titres sont disposés de manière à capter l’auditeur en force au début, afin de le faire tripper à des hauteurs infinies en milieu de disque. Le premier titre ʺLowdown dogʺ démarre dans une sauvagerie faisant penser aux Stooges percutant de plein fouet les Outdisers, qui étaient en quelque sorte les Pretty Things néerlandais en 1965-67 (les deux albums ʺThe Oudsidersʺ de 1967 et ʺCQʺ de 1968 sont indispensables). On se prend ensuite une coulée de heavy rock imparable avec l’énorme ʺOh yeahʺ, grosse jam cosmique illuminée par l’orgue Hammond et des péripéties de guitares envahissantes, sur lit de basse ronflante et astrale. Brian Auger rencontre Litter, pour ainsi dire, et le résultat est une véritable tuerie.
On va ensuite gagner les nuages pour des perceptions plus rêveuses, augmentées de sitar, sur les longs ʺCarry onʺ et ʺBeautiful queenʺ, deux petit joyaux qui bercent les cœurs. ʺBeautiful queenʺ apparaît tout doucement d’un marasme planant et rappelle un peu ce que faisait Arcadium en 1969. Vous ne connaissez pas Arcadium ? Courez écouter l’album ʺBreathe awhileʺ, disponible sur Spotify, fort heureusement. Mais il y a aussi des sonorités chères à Humble Pie sur cet extraordinaire morceau, montée vers un Himalaya psychédélique merveilleux.
On termine plus modestement mais toujours dans les airs avec les morceaux ʺGrey blue eyesʺ et ʺMother’s graceʺ, qui révèlent toujours les talents cosmiques de The Wild Century, un groupe dont il va falloir tenir compte dans le combat psychédélique et planant qui anime toujours ce début de 21e siècle. Dans le genre, l’album ʺOrganicʺ est sans doute un des meilleurs disponibles en 2022. Profitons-en !
Le groupe :
Stan Aarts (chant et guitare)
Joris Verbogt (chant, basse et guitare)
Gerton Govers (chant, sitar et guitares)
Butsenzeller (batterie et percussions)
Paola Pica (chant et orgue Hammond)
L’album :
ʺLowdown Dogʺ (06:16)
ʺOh Yeahʺ (06:05)
ʺCarry Onʺ (07:39)
ʺBeautiful Queenʺ (09:11)
ʺGrey Blue Eyesʺ (04:01)
ʺMother’s Graceʺ (04:42)
https://thewildcentury.bandcamp.com/album/organic-2
https://www.facebook.com/thewildcentury/
Pays: NL
Tonzonen Records
Sortie: 2022/10/28