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MELVINS LITE, les précurseurs du grunge envahissent le VK

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Je vais assister ce mercredi 24 avril au Vaartkapoen (le V.K.) de Molenbeek à un concert assez particulier de Big Business et Melvins Lite, groupe phare du métal grunge, hardcore qui a influencé des groupes mythiques comme Nirvana, Soudgarden et notamment Mastodon. Tous ces groupes ont connu le succès sauf Melvins lite. C’est d’ailleurs avec King Buzzo que Kurt Cobain apprend à jouer de la guitare au début des années 1990. Ils sont originaires de Seattle, berceau de cette musique. Big Business voit le jour en 2004, suite à la rencontre de Jared Warren qui est le bassiste (Karp, The Whip) et de Coady Willis qui officie à la batterie (Murder City Devils). Ils jouent un métal lourd et lent et possèdent un chant très caractéristique. Leur son est comparé à celui de Karp (l’ancien groupe de Jared), GodheadSilo (un autre duo) ou aux Melvins Lite. Scott Martin (400 Blows, Crom) a intégré le groupe comme guitariste depuis 2010. Signés sur Hydra Head, ils sortent en 2005 leur premier opus “Head For The Shallow”. Jouant la même musique, étant proche d’eux et partageant leur humour au second degré, c’est tout naturellement que le duo intègre les Melvins Lite après un déménagement de Seattle vers Los Angeles. Ils enregistrent alors ensemble en 2006, “Senile Animal” et partent avec eux pour la tournée The Double-Drumming Rock For Peace Tour où Big Business effectue la première partie (en fait le groupe joue son set puis est rejoint par Crover et Osborne pour démarrer le concert des Melvins Lite). Ce soir, ils ne feront que la première partie de Melvins Lite. En 2007, le duo, accompagné de David Scott Ston à la guitare et au synthétiseur, revient avec un second album : “Here Come The Waterworks” qui leur permettra de faire la première partie et quelques dates de la tournée de Tool, groupe de métal progressif américain, aux USA.

Le morceau d’ouverture est “Focus Pocus”, extrait de “Head for The Shallow”, le premier opus sorti en 2005. Le trio batterie, guitare et basse est très efficace. Coady en batteur bien élevé commence en force et frappe avec frénésie sur ses fûts. “Just As The Day Was Dawning” est extrait du second opus “Here Come The Waterworks”, paru en 2007. La basse et la batterie sonnent la charge de la cavalerie, pendant que les voix de Jared et de Scott s’écorchent à tenter de couvrir la charge des sons lourds. L’énergie est présente sur scène et très communicative dans le public très réceptif. La salle du VK est presque comble. On continue dans le lourd avec “Chump Chance”, “Always Never” et “Battlefields”. La guitare de Scott est en verre, mais les sons qui en sortent ne sont pas cristallins. Ces trois phénomènes ne font pas dans la dentelle. Le public est ravi. “Trees” fait toujours dans le son gras et lourd, mais on s’y habitue presque et cela devient même plaisant. “Doomsday” est suivi de “Lyle”, on voit que le groupe a de l’énergie à revendre, la structure des morceaux est très simple.

Big Business a bien rempli son contrat et a bien préparé l’arrivée sur scène de Melvins Lite. Ils sont d’ailleurs amis et font les tournées ensemble. La salle est chaude et prête à les accueillir. Ils vont d’ailleurs se faire attendre pendant plus de 40 minutes.

Les Melvins Lite sont un groupe de rock américain actif depuis 1980, ils se produisent habituellement sous la forme d’un trio. Le chanteur/guitariste Buzz Osborne (surnommé King Buzzo) et le batteur Dale Crover en sont les membres permanents et plusieurs bassistes ont fait partie du groupe. Pour cette tournée, ils sont accompagnés d’un contrebassiste fou du nom de Trevor Dunn (Mr. Bungle, Fantomas, Secret Chiefs 3, Tomahawk). Le nom du groupe vient d’un chef de rayon de supermarché à Montesano, Washington, où Osborne a été employé comme caissier (et vandale). Melvin était fortement méprisé et les membres du groupe pensèrent que le ridicule du nom leur conviendrait bien.

La musique des Melvins Lite est influencée par le punk hardcore de la période “My War” du groupe Black Flag (1984), par le rock plus lent de groupes comme Flipper et Swans, et plus notoirement par le métal dans le style de Black Sabbath. Mais leur approche musicale, leur sens de l’humour bizarre, tout comme leur propension à l’expérimentation rendent difficile une catégorisation précise. Les Melvins Lite utilisent souvent des tempos très lents et leur métal pâteux fut d’une influence décisive sur la musique grunge, spécialement pour Nirvana et d’autres groupes de Seattle. C’est d’ailleurs avec King Buzzo que Kurt Cobain apprend à jouer de la guitare au début des années 1990. Leurs héritiers du point de vue musical eurent cependant tendance à utiliser le même type de sonorités, mais avec des structures musicales plus conventionnelles et davantage de mélodies. Les Melvins Lite ont influencé nombre de groupes de doom metal, plus particulièrement Boris, dont le nom est tiré du titre d’une de leurs chansons.

Si le groupe a reçu des critiques musicales positives dans la plupart des cas, les qualités de Crover à la batterie sont particulièrement saluées. Bien que ne trouvant (et probablement ne cherchant) jamais la reconnaissance d’un grand public, les Melvins Lite ont des fans très fidèles. Ils conservent un agenda impressionnant de tournées et sortent régulièrement de nouveaux opus. Parmi leurs productions, on peut remarquer deux albums réalisés en collaboration avec Jello Biafra, l’ex-leader des Dead Kennedys. Pour remercier leurs fans dévoués, les Melvins Lite ont publié divers collectors tout au long de leur carrière. On y dénombre des poupées à deux têtes, une cassette de huit pistes, un foetus en plastique dans un bocal et une myriade de posters, tee-shirts et fanzines uniques.

L’arrivée sur scène se fait de manière assez pompeuse, King Buzzo est habillé d’un long manteau noir, il se place à l’extrême gauche de la scène. Il reste statique tout en se dandinant de gauche à droite. Les musiciens sont en ligne, la batterie se trouve au milieu d’avant-scène, cela aura toute son importance car toute l’énergie vient de ce batteur. Le contrebassiste est à l’extrême droite.

Ils commencent par une expérimentation de sons à la limite de la cacophonie. Cela dure quelques minutes avant de rentrer dans le vif du sujet. Chaque concert de Melvins Lite est différend et dépend de l’humeur du jour. La liste des morceaux n’est jamais bien définie et vu leur répertoire assez imposant, ils ont le choix dans la multitude des morceaux. J’ai reconnu au début du set “Eye Flys” qu’ils jouent toujours. Ce qui est quand même paradoxal, c’est que la contrebasse remplace très bien la basse et de plus Trevor en sort des sons inattendus et sait manier son instrument qu’il ne ménage nullement. Il sera pour moi le centre du concert, talonné de près par Dale qui sort un sacré paquet d’énergie de sa batterie. Le côté expérimental assez prononcé du groupe, qui a fait sa réputation, c’est quand même King Buzzo qui sait vachement bien jouer de la guitare et sait sortir de celle-ci des sons aussi bien mélodieux qu’expérimentaux dans ses solos endiablés. Melvins Lite a égrainé quelques classiques de son répertoire, j’y ai reconnu notamment “Let Me Roll It”, “Sky Pup” et “Electric Power”.

“Shevil” a été la chanson du batteur Dale, celui-ci nous a fait un solo mémorable. Un excité ayant abusé de la dive bouteille s’amusait à lancer ses verres de bière et celui-ci a été rappelé à l’ordre par Dale qui lui a signalé que la bière était faite pour boire et non pour jeter. Le public a applaudi et l’individu est parti plus loin. Ils étaient là également pour défendre leur dernier opus “Freak Puke” sorti l’année passée.

Le côté expérimental a été présent tout au long du concert. Trevor sort quand même des sons incroyables de sa contrebasse désaccordée, cela amène puissance et originalité. Buzz Osborne a une voix caractéristique qui peut aller de l’extrême douceur à une puissance rageuse et toujours contrôlée, toujours très bien soutenue par la violence des sons lourds, mais qui amènent parfois une certaine mélodie et musicalité. L’énergie a été présente du début à la fin du concert, le public connaisseur et attentif était ravi. De plus, le son était de qualité, le VK est, comme l’AB, une salle réputée aussi bien pour le son que pour l’accueil du public ou l’originalité de sa programmation alternative. Le VK a su toujours donner leur chance aux groupes talentueux belges et étrangers. Diversité et qualité se traduisent toujours dans cette salle par une affiche variée et attractive.

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