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Spirit Caravan ne voyage pas léger

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Vendredi 13 juin 2014 Spirit Caravan fait un petit arrêt au camping du Magasin 4. Wino et ses sbires ne voyagent pas léger puisqu’ils ont emmené Acid King et Pet The Preacher dans leur soute à bagages. Soirée on-ne-peut-plus plombée en perspective. Pet The Preacher investit les planches du Magasin dès 20h15. Le power trio Danois, qui a publié un excellent second opus intitulé “The Cave And The Sunlight “ fin avril dernier, est mené par un guitariste/chanteur de stature impressionnante. Christian Hede Madsen : barbu, chevelu et tatoué serait sans doute aussi terrifiant que ses ancêtres Vikings s’il n’avait pas le visage barré du sourire béat typique du musicien qui prend son pied à faire ce qu’il fait. ’How Do You Like The Heavy Blues ?’ éructe t’il avant de balancer un amalgame de riffs métalliques ultra-plombés, d’atmosphères Classic Rock et de soli Blues passionnés. Le set est court (quelques titres à peine) mais intense et jouissif.

Ce soir, les power trios se suivent et ne se ressemblent pas. Après les ‘Caresseurs de Prêcheurs’ copenhagois, et avant la ‘caravane spirituelle’ marylandaise, nous accueillons les ‘Rois san-franciscains de l’Acide’ . Malgré le nom du groupe, c’est bien une reine qui dirige les Acid King. Si, du point de vue de la taille, Lori S semble beaucoup moins impressionnante que le danois qui l’a précédé sur les planches, elle n’a rien à lui envier au niveau des tatouages et de la présence scénique. Le Heavy Stoner des Américains est sale ; beaucoup plus sale en fait que le Heavy Blues burné distillé par Pet The Preacher quelques minutes plus tôt et quelques minutes me sont nécessaires pour pouvoir m’adapter au changement de style. La six-cordes sous-accordée de Lori et la basse saturée de Mark Lamb génèrent un enfer de riffs écrasants, alourdis encore par les coups de massue rythmique de Joey Osbourne. Les vocaux monocordes et hypnotiques de la dame et les images ‘glauquissimes’ diffusées sur l’écran géant plongent la foule conquise du Magasin 4 dans une torpeur quasi catatonique et, autour de moi, les têtes qui headbangent sur un rythme gastéropode forment une vague houleuse et lancinante sur laquelle je me laisse volontiers porter.

Scott Weinrich est l’un des personnages les plus incontournable de la scène Doom US. Wino, comme il aime se faire appeler, a fondé The Obsessed à la fin des seventies et rejoint le cultissime Saint-Vitus au cours des années 80. Il a participé (et participe encore) à de nombreux projets, tous plus plombés les uns que les autres : Premonition 13, Place Of Skulls, Shrinebuilder ou encore ce Spirit Caravan qui squatte aujourd’hui le Magasin 4. Depuis le début de la soirée, le stand merchandising du groupe ne désemplit pas. Il faut dire que ces quelques mètres carrés consacrés au commerce sont un petit coin de paradis pour les fans de Wino. On y trouve, bien sur, des T-shirts de la tournée et toute une panoplie de patches et de badges, mais aussi (et surtout) quelques perles rares de la discographie du chanteur/guitariste américain. L’offre va du CD de Saint Vitus à la réédition multi-vinyles des albums de Spirit Caravan, en passant des démos (au format CD-R) de projets dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler.

Wino partage la paternité (et le micro) de Spirit Caravan avec Dave Sherman d’Earthride. Les deux vocalistes s’expriment en alternance. Sherman se charge également de la basse (NDR : ce qu’il ne fait pas chez Earthride). Gary Isom, le batteur original du groupe a récemment jeté l’éponge et c’est donc Henry Vasquez, le corpulent cogneur de Saint Vitus qui caresse les fûts.

Weinrich est une bête de scène qui impressionne par le simple fait d’être présent. C’est la superstar du groupe, pourtant, il reste simple et étonnamment proche de son public ; serrant des mains dès qu’il en à l’occasion, répondant aux signes par des sourires. Son chant, unique et reconnaissable entre mille se marie parfaitement avec les vocaux gras et écorchés de Sherman. Ce dernier n’épargne pas les efforts pour attirer l’attention. En vain, cependant puisque tous les regards se portent sur le guitariste. La musique est lourde, visqueuse et pourtant hautement rock’n’roll. Chaque titre est un plaisir renouvelé. Les jams, délicieusement interminables, nous offrent des instants de plaisir pur et nous sommes nombreux à être déçus lorsque les lumières se rallument. Pourtant, le set a été d’une durée plus que raisonnable ! Ovation et applaudissements amplement mérités.

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