ArticlesConcerts

Autumn Falls 2015 : un sorcier nommé Willis Earl Beal

0 Shares

Le festival Autumn Falls touche tout doucement à sa fin mais avant une ultime explosion sonore et visuelle en fin de semaine, le Botanique accueillait une soirée bien plus calme ce lundi 14 décembre avec la venue de Willis Earl Beal à la Rotonde. C’est à un musicien Irlandais répondant au nom de Myles Manley qu’avait été confié le soin d’introduire la soirée. Armé d’une guitare pas neuve mais au son délicieusement désuet, ce jeune troubadour basé à Dublin va présenter ses comptines folk rehaussées de sa voix modulable rappelant Alec Ounsworth, le chanteur de Clap Your Hands Say Yeah, en beaucoup moins énervant toutefois. Notons un cahier de notes au pied du micro qui semble davantage ressembler à un gri-gri qu’à un pense-bête.

Jusqu’à ce moment, il n’était pas sans nous rappeler un de ses compatriotes, Conor O’Brien alias Villagers, qui avait joué en solitaire et dans la même salle en avril 2010 en première partie de Wild Beasts. C’est alors qu’il lancera des bandes en guise d’accompagnement sonore pour un résultat oscillant entre le bricolage coloré de Vampire Weekend et les expérimentations de Thom Yorke en solo. Pour la petite histoire, il partage la caractéristique de ce dernier en chantant presque systématiquement avec son œil gauche clos. Il apparaît toutefois nettement plus drôle que celui-ci comme le prouvera son dernier titre, “I’m In Love With Myself”, qu’il interprétera tout en exécutant une petite danse. Ceci dit, ce ne sera rien à côté de ce qui nous attendait par après…

L’histoire de Willis Earl Beal est peu banale. Un peu paumé et ne parvenant pas à garder un boulot, il se retrouve SDF et finit par déposer des CD-R de ses enregistrements dans différents coins d’Albuquerque (la ville où il a atterri en provenance de Chicago). Un magazine tombe par hasard sur l’un d’entre eux, l’interviewe et il se retrouve du jour au lendemain une petite célébrité et attire l’attention du label Hot Charity (une division d’XL) qui sortira ses deux premiers albums, “Acousmatic Sorcery” en 2012 et “Nobody Knows” l’année suivante.

“Nocturnes”, sa troisième plaque parue à la fin de l’été, se veut plus introspective et sobre, tout à fait à l’image de l’aménagement de la scène ce soir : on y trouve simplement une chaise haute et un pied de micro. Le début du spectacle sera un rien surréaliste car l’artiste débutera sa prestation en annonçant au public quelques règles à respecter, dont la plus surprenante est qu’il ne souhaite pas entendre de cris ni d’applaudissements pendant la soirée, y compris entre les morceaux.

Il saisira ensuite son… iPod afin de lancer l’environnement sonore (chœurs compris) de la plage d’intro, “Flying So Low”, sur laquelle sa voix chaude et soul apparaîtra d’emblée impressionnante, quelque part entre Seal et Terrence Trent D’Arby. Il porte un t-shirt à son image (disponible au stand merchandising), des gants noirs et est coiffé d’un chapeau alors que ses yeux sont cachés derrière un masque de Zorro. Personnage mystique par excellence, il va également se saisir d’une immense cape qu’il déploiera perché sur la chaise haute lors du deuxième titre.

Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre en voyant la scène quasi déserte, on n’allait pas s’ennuyer un seul instant. Ce type a un humour incroyable, une présence unique et un don évident pour l’art dramatique. Quant à son subtil cocktail musical alliant le blues, le gospel et la soul, il allait mettre tout le monde d’accord d’un claquement de doigts. On pointera notamment le langoureux “Say The Words” et la fausse attitude r’n’b de “Survive” alors que les paroles du tristounet “Start Over” seront adaptées en nettement plus comiques pour l’occasion.

Sa voix sera particulièrement mise en valeur tout au long de sa cover a capella du “Pledging My Time” de Bob Dylan ainsi qu’en toute fin de set où il lancera un furieux I Love You Amy avant de disparaître dans les coulisses pour ne plus jamais remonter sur scène, après moins d’une heure de concert. Un final en queue de poisson qui prendra le public par surprise. Il est vrai que le bonhomme peut aussi se montrer imprévisible…

Laisser un commentaire

Music In Belgium