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¿Que pasa, Föllakzoid?

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Ce dimanche, le Bota a vécu un moment curieux en compagnie des Chiliens de Föllakzoid dans une Rotonde sold out. Trop expérimental, abstrait, linéaire ou binaire, peu importe : on n’a pas tout décodé…

Ceci dit, il est assez rare de voir l’endroit aussi rempli pour la première partie. Et un public aussi bouillant dès le premier coup de batterie de Rémy Venant, la moitié rythmique de La Jungle. Il faut dire que la réputation scénique du duo qu’il forme avec le guitariste Mathieu Flasse n’est plus à démontrer. Et lorsque l’on sait qu’ils tiennent désormais la distance sur disque avec leur troisième album (Past//Middle Age//Future) publié au printemps, on s’apprêtait à en prendre plein les tympans.

Et cela n’a pas manqué. Puisant exclusivement dans cette collection de nouveaux titres aussi percutants les uns que les autres (mention spéciale à l’impeccablement construit “And The Serf Caresses The Head Of His Lord”), ils vont électrifier la salle comme eux seuls savent le faire. Alliant rythmique infernale (ce Rémy est une machine en sueur…) et riffs incendiaires, leur math rock électro flirtant par moments avec la techno ou l’EBM générera quelques mouvements de foule spontanés.

Entre grimaces de psychopathe et mouvements désarticulés, l’immense leader ne se contente plus seulement de déclamer des onomatopées injectées ensuite dans le morceau. S’il ne chante pas vraiment non plus, sa voix apparaît toutefois de moins en moins trafiquée. Peut-être était-ce juste une conséquence du souci technique rencontré la veille au Green Fabric Festival de Quiévrain. En tout cas, leur set ce soir a mis tout le monde d’accord…

On ne le savait pas encore mais le sommet de la soirée avait déjà été atteint et ceux qui sont arrivés pour le début du set de Föllakzoid s’en mordent encore les doigts. Désormais réduit à un duo depuis le départ de leur bassiste, les Chiliens semblent également avoir perdu leur ligne directrice dans la bagarre. Même s’il faut bien avouer que la logique n’a jamais été leur point fort. Leur nouvel album (“I”) succède ainsi à “III” (2015) et à “II” (2013).

Du coup, ils ont également changé leur manière de composer. Si jusqu’ici tout était enregistré live en studio et bien souvent en une seule prise, ils ont cette fois enregistré isolément leurs parties avant de les confier telles quelles au producteur Uwe Schmidt (alias Atom). Ce dernier a ensuite assemblé le tout à sa guise pour en tirer quatre titres de 13 ou 17 minutes en respectant une certaine cohérence.

Mais voilà, autant cela fonctionne sur disque, autant la version scénique laisse à désirer. Il y a d’abord le cinéma du chanteur Domingo Garcia-Huidobro au physique et à l’attitude de plus en plus féminine qui débarquera sur scène un cierge à la main, multipliant les rituels vaudous et les danses suggestives pendant une intro à rallonge. Un cierge que l’on pourrait presque considérer comme la vraie attraction de la soirée. Il se retrouvera notamment dans le public, passant de main en main, avant de terminer sur la tête du bonhomme transformé l’espace d’un instant en licorne maladroite.

Mais il s’agira surtout du seul élément coloré de la soirée. En effet, c’est dans l’obscurité quasi-totale que le show se déroulera, la scène timidement éclairée de spots bleu nuit. Ce sont donc des ombres que l’on apercevra alors que leurs compositions lancinantes et hypnotiques à tendance kraut minimaliste pourraient franchement se dévoiler autour d’un visuel digne de ce nom. On adressera une pensée à ce pauvre batteur dont la rythmique métronomique ne variera pas d’un iota pendant toute la durée du concert. Ceci dit, les deux claviéristes situés de part et d’autre de la scène n’avaient franchement par l’air de prendre leur pied non plus.

Fumant clope sur clope, l’hyperactif Domingo se lancera quant à lui dans de très rares interventions chantées d’une voix bidouillée. Pour le reste, il actionnera son briquet, videra le verre de bière d’un spectateur et flagellera violemment sa guitare confiée à un membre du public à l’aide du câble de cette dernière. Il s’agira là de quelques moments risibles d’une soirée interminable qui voyait petit à petit la Rotonde se vider. Mais où est donc passée la magie qui les habitait encore voici deux ans au Club de l’AB ?

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