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Such a Shame !

Récemment auréolés du titre d’Album Of The Year chez Rough Trade avec l’excellent “Songs Of Praise”, les Londoniens de Shame ont retourné sans peine un AB Box plein à craquer et dégoulinant de sueur. Un traitement qu’ils avaient déjà réservé à la Rotonde du Botanique et au Dour Festival plus tôt dans l’année.

L’attrait d’un concert de Shame réside également dans le choix de la première partie. Ainsi, après RVG au printemps, ce sont leurs compatriotes de Sorry qui les accompagnent sur cette tournée européenne. Si leur discographie se limite actuellement à quelques singles sortis chez Domino Records, ils jouissent déjà d’une certaine réputation scénique qui devrait se bonifier au fil du temps, lorsqu’ils auront vraiment pris conscience de leur potentiel.

En effet, le quatuor emmené par la fluette Asha Lorenz, guitariste à la voix candide secondée par celle, plus musclée, de Louis O’Bryen, se disperse encore un peu trop dans le sillage de groupes qui étaient pourtant actifs avant leur naissance (ils ont à tout casser une vingtaine d’années). On pense en effet à Elastica ou Salad pour l’aspect poppy nerveux et à Garbage ou aux Breeders lorsque les guitares grungy se mettent en action. Ceci dit, les constructions prenantes en crescendo laissent entrevoir de sérieuses perspectives.

Infatigables, les gaillards de Shame le sont assurément. Ce soir, ils ont donné à l’AB leur 162ème et avant-dernier concert de l’année. Une année qui a démarré sur les chapeaux de roue avec la publication, début janvier, de “Songs Of Praise”, leur premier album acclamé par la critique et qui se termine en apothéose avec de franches accolades. Entre-temps, ils ont canalisé, à l’instar d’IDLES et de Fat White Family, leur énergie qui font d’eux un incontournable groupe de scène.

Il ne faudra dès lors pas plus d’une poignée d’accords de “Dust On Trial”, la plage d’intro de la plaque et du concert, pour déjà les voir turbiner à plein régime. Charlie Steen, le furieux leader aux cheveux désormais peroxydés et au pantalon maintenu par des bretelles, se dirigera tout de go vers le front stage pour un contact initial avec des spectateurs qui ne l’avaient pas attendu pour se lancer dans de généreux pogos. Un début en fanfare qui s’amplifiera via “Concrete” aux chœurs bourrés de tension.

Coincé entre deux nouveaux titres (le glacial “Human, For A Minute” et l’énergique “Cowboy Supreme” au flow presqu’emprunté au hip-hop), “One Rizla” fera office de premier hymne de la soirée. Entre-temps, le leader avait laissé tomber la chemise (mais gardé les bretelles) et momentanément confié son micro aux premiers rangs, histoire de se lancer dans un stage diving. Un micro qui allait ensuite l’entendre hurler son mal-être pendant “The Lick” ou déclamer ses textes spontanés sur “Tasteless” (“I like you better when you’re not around”) et “Friction” (“And I’m trying to exist in a momentary cyst”), devant un monstrueux circle pit.

Sur scène, cela matraque ferme devant l’énorme banderole au nom du groupe. La concentration est à son comble sauf pour Josh Finerty, la pile électrique de bassiste (un peu énervant, à l’instar de celui de Peace par exemple) qui arpente la scène sans relâche. Il finira d’ailleurs par se casser la figure en toute fin de set, l’empêchant presque de participer activement au rappel.

Mais avant, un ultime nouveau titre, “Exhaler”, plus sombre et mélodieux, précédera un final trois étoiles. Lors de celui-ci, ils enchaîneront ainsi un “Angie” riche et travaillé, un “Lampoon” démentiel et un “Gold Hole” d’une redoutable efficacité, gagnant des points primordiaux dans la lutte pour le meilleur titre de l’année. Le tout sans la moindre respiration si ce n’est la voix cassée d’un leader embrassant son rôle à la perfection.

Un bref rappel constitué de “Donk”, le seul extrait de “Songs Of Praise” à ne pas encore avoir été joué ce soir, mettra un terme à un set intense qui n’aura duré que 57 minutes. Pas sûr qu’ils auraient pu maintenir une telle cadence beaucoup plus longtemps…

Photo © 2018 Olivier Bourgi

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