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MYLES, AC – Reconsider me

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On ne connaît pas grand-chose sur AC Myles, un californien dont la conception du blues est aussi réjouissante que captivante. On sait que le type vient de San José et qu’il a usé ses semelles sur les petites scènes locales, souvent dans l’ombre de bluesmen de renom. Mais pour ce qui est du reste (la marque de sa brosse à dents, le nom de son chien ou son actrice porno préférée), on ne sait rien. Et ce n’est pas la timide page Facebook ou le site Internet du bonhomme, joli mais peu disert, qui vont livrer des flots d’informations sur AC Myles. On ne sait d’ailleurs même pas quel est le prénom qui se cache derrière les initiales A.C. : Adolphe-Charles? Aristide-Christian? Ahmed-Constantin? Mystère.

Mais cela a très peu d’importance quand on découvre la musique d’AC Myles, et surtout ses qualités de guitariste et de vocaliste. Comment se fait-il qu’on laisse accéder aux plus hautes marches du succès n’importe quel traîne-lattes, n’importe quel claque-dents, pourvu qu’il soit mignon et idiot, et que les producteurs et autres chasseurs de talents n’aient pas encore mis la main sur AC Myles pour en faire un concurrent direct des Joe Bonamassa, Kenny Wayne Shepherd ou Jonny Lang? Peut-être parce que le bon AC n’en est finalement qu’à son premier album en tant qu’artiste solo et qu’il faudrait un peu de patience avant qu’il ne fasse son trou.

Et si, drame atroce, il ne devenait jamais mondialement célèbre? On pourra toujours se consoler en se disant qu’AC Myles a su séduire une poignée de fans et d’admirateurs avec son premier album, et que c’est déjà un début. Donc, les rares élus qui pourront se mettre cet album entre les oreilles auront le privilège de découvrir une dizaine de titres blues rock du meilleur acabit, avec une bonne moitié de reprises.

Cet album “Reconsider me” a en effet été envisagé par AC Myles comme un assemblage de ses influences majeures qui l’ont amené au blues. Le disque est enregistré en deux jours aux studios Greaseland de Kid Andersen à San José, avec des musiciens qui ont déjà tout en tête. AC Myles (guitare et chant), Derrick Martin (batterie) et Endre Tarczy (basse) ont passé peu de temps à écrire des morceaux nouveaux rien que pour cet album. Ils sont allés puiser dans les vieilles compositions originales de Myles, ainsi que dans des reprises triées sur le volet : “You don’t know what love is” de Fenton Robinson, “Do you read me” de Rory Gallagher, “Rock my soul” d’Elvin Bishop, “Reconsider me” de Johnny Adams, “Queen bee” de Roman Carter, “What is love” des Loved Ones et “Blue Monday” de Fats Domino.

Les morceaux originaux figurent en seconde partie d’album mais tiennent bravement tête aux titres des grands anciens. On appréciera particulièrement les solides “Livin’ a lie” et “Call ’em baby” ou le feutré “Death bed blues”. On reste dans un blues rock classique mais AC Myles a ce don rare d’imprimer une forte patte personnel sur du douze-mesures qui pourrait être anodin en d’autres mains moins inspirées. Et surtout, il y a cette voix, pointue et puissante, capable d’aller chercher l’octave surélevé au terme d’hallucinantes élévations (“Reconsider me”). Et en matière de guitare, AC Myles déboule sur les frets avec l’efficacité d’un raid de la police hongkongaise sur un repaire de trafiquants de drogue.

Classieux, habité, sincère jusqu’aux yeux, cet album d’AC Myles est une authentique partie de plaisir. Le trouver facilement ne sera peut-être pas aussi plaisant mais de nos jours, on trouve tout si on cherche. Donc, pas d’excuses pour ne pas mettre la main dessus!

Pays: US
DAF Records
Sortie: 2014

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