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ABERDEEN – Outatime

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Lorsque le critique rock apprend que le groupe dont la chronique va suivre a été créé par quelqu’un qui a gagné le concours de The Voice Belgique, les flingues sont fiévreusement sortis, au cas où il faudrait en découdre avec de l’insupportable guimauve commerciale. Alors, comme ça, la télé commerciale décadente aurait la prétention de venir piétiner les plates-bandes du rock ‘n’ roll, un des derniers domaines qui lutte tant bien que mal contre le nivellement culturel et l’imbécillité musicale?

Mais fort heureusement, ce n’est pas parce qu’un artiste en herbe vient se perdre au milieu de la tourbe audiovisuelle qu’il doit être catalogué comme complice des niaiseries culturo-commerciales qui sont assénées à longueur de journées sur le petit écran. Après tout, si David Madi a remporté l’édition 2014 de The Voice Belgique, c’est qu’il avait peut-être aussi du talent ou cette énergie qui a finalement conquis les cerveaux embrumés de membres d’un jury habituellement biberonnés à la soupe pop. On se souvient de la victoire des métallurgistes finlandais de Lordi lors de l’Eurovision 2006, magnifique nique faite au système diffusant généralement la bêtise sous forme de musique dansante parfaitement insipide et formatée.

Et après écoute de l’album “Outatime” d’Aberdeen, on se réjouit que David Madi ait gagné à The Voice car il le méritait amplement. Ceci dit, si on organisait un The Voice entièrement dédié au hard rock, il n’est pas certain que Madi l’emporterait, car sa vénération pour Nirvana n’aurait certainement pas les mêmes effets aux oreilles d’un jury de hardeux qu’à celles de délicats esthètes n’ayant jamais entendu un riff de guitare électrique et trouvant cela révolutionnaire. Car ce qui porte en effet le bon David Madi, c’est le souvenir de Nirvana. Il mange du Kurt Cobain matin, midi et soir. Jusqu’au nom de son groupe, Aberdeen, qui fait référence à la ville natale du blondinet dépressif.

Il ne sera donc pas étonnant de trouver dans ce premier album “Outatime” des pans entiers de la geste nirvanienne mais, comme je le dis toujours, il vaut mieux pomper sur Nirvana que sur Popol Vuh, c’est quand même plus digeste. Avec ses camarades Fabrice Vanderest (batterie) et Santo La Marca (basse), David Madi tient le chant et la guitare sur cet album offrant une douzaine de titres en pâture aux nostalgiques de Nirvana. Le travail est bien fait et retient essentiellement les côtés mélancoliques de l’inspiration de Kurt Cobain, avec une majorité de morceaux en tempo moyen, lardés de lourdes guitares gluantes et traversés par un chant plaintif et éraillé. La combinaison de ces caractères musicaux donne heureusement des résultats convaincants, bien qu’on aurait apprécié des titres davantage influencés par “Smells like teen spirit” ou “Breed”. Des titres comme “Under stand”, “Don’t know”, “Duster”, “Inside of (both fingers)” ou le triste mais fort “Dirty face” constituent les morceaux de choix d’un album qui contient de nombreux moments sur lesquels on peut s’attarder.

Notons enfin que le titre “Outatime” n’est pas inspiré par Nirvana mais par la plaque minéralogique de la voiture du savant allumé dans le film “Retour vers le futur”. Grâce à cette autre source d’intérêt, David Madi nous fera peut-être un de ces jours un album inspiré du concert donné par Michael J. Fox dans le premier volet de la série.

Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2015/10/21

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