SPIRIT ADRIFT – 20 centuries gone

Après avoir sorti sous le manteau les albums ʺChained to oblivionʺ (2016), ʺCurse of conceptionʺ (2017) et ʺDivided by darknessʺ (2019), le duo Spirit Adrift est apparu au grand jour après sa signature sur le label Century Media et la publication de l’album ʺEnlightened in eternityʺ (2020) et du EP ʺForge your futureʺ (2021). Avec Nate Garrett (chant, guitare, basse) et Mike Arellano (batterie, qui remplace Marcus Bryant), les amateurs de heavy metal pur jus retrouvent de quoi redresser la tête, remettre le blouson de cuir lourdement badgé et chevaucher fièrement la moto rutilante pour aller effrayer le rappeur dans les ruelles de banlieue.

Ces spadassins nourris au jus de Judas Priest, Black Sabbath et Metallica reviennent ici avec de nouvelles chansons qui vont nous réserver de belles surprises. Ici, il n’y a pas de speed, de black, de grind, de death et autres sous-genres du metal, il y a le heavy metal, point barre. Il ne faut pas aller chercher plus loin que ça.

Et la grosse surprise de cet album, justement, c’est qu’il est en fait constitué principalement de reprises. On doit se rendre à l’évidence que Spirit Adrift ne s’est pas trop fatigué à créer de nouvelles chansons (seules les deux premières sont originales) mais il se révèle tout à fait convaincant quand il joue les morceaux des autres.

Déjà les deux chansons originales valent leur pesant de ferraille rouillée. ʺSorcerer’s fateʺ démarre les propos dans la grandeur et le sublime avec une introduction qui s’élève vers le ciel et déverse ensuite du beau riff princier en mid-tempo qui nous révèle les grandes heures de Dio ou Armored Saints. ʺMass formation psychosisʺ est également très touchant, avec une rythmique martiale et des vagues de guitares épaisses et acérées. Le doom metal primitif de Black Sabbath n’est pas loin sur ce morceau.

Mais c’est avec le choix des reprises que Spirit Adrift montre à nouveau le haut niveau de ses connaissances métalliques. Le duo n’est pas allé chercher n’importe quoi ou des trucs qu’on a déjà entendu des milliers de fois. Premier exemple avec Type O Negative et son ʺEverything diesʺ, extrait de l’album ʺWorld coming downʺ sorti en 1999. Depuis la mort de son leader Peter Steele en 2010, ce groupe fondamental du métal lourd et gothique a tendance à se faire oublier, ce qui est un tort. Spirit Adrift accommode ici une somptueuse reprise qui fait revivre le souvenir de ce grand groupe qu’était Type O Negative.

La suite n’est pas non plus piquée des hannetons, avec ʺHollowʺ de Pantera (de l’album ʺVulgar display of power, 1992), dans une version fidèle à l’originale, puis l’intéressant ʺEscapeʺ de Metallica (pas le morceau souvent repris en provenance du deuxième album). On passe alors aux Seventies avec un magnifique ʺWaiting for an alibiʺ de Thin Lizzy (ça change de l’habituel ʺThe kids are back in townʺ), suivi du pas très courant ʺNasty boys et funky kingsʺ de ZZ Top, et enfin ʺPoison whiskeyʺ de Lynyrd Skynyrd.

Voilà, on peut se poser des questions sur le degré d’inspiration de Spirit Adrift qui préfère jouer la carte de la reprise plutôt que de composer de nouvelles chansons. Mais en même temps, on ne peut que souligner la qualité et la brillance des reprises proposées ici. Spirit Adrift reste donc une valeur sûre du heavy metal et on espère que le groupe sera capable de nous tresser un album complet de morceaux originaux redorant toujours plus le blason du heavy metal.

Le groupe :

Nate Garrett (chant, guitare, basse)
Mike Arellano (batterie)

L’album :

ʺSorcerer’s Fateʺ (5:34)
ʺMass Formation Psychosisʺ (6:23)
ʺEverything Diesʺ (5:17)
ʺHollowʺ (5:55)
ʺEscapeʺ (4:29)
ʺWaiting for an Alibiʺ (3:31)
ʺNasty Dogs and Funky Kingsʺ (2:51)
ʺPoison Whiskeyʺ (3:09)

https://www.facebook.com/SpiritAdrift/

Pays: US
Century Media
Sortie: 2022/08/19