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RACE (Hugo) & The True Spirit – Starbirth

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Ça fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles d’Hugo Race, d‘autant plus que ce musicien australien ne laisse jamais tomber ses auditeurs bien longtemps avec tous les projets qu’il mène de concert. Mais ici, Hugo Race effectue un retour dans son quartier général, avec son groupe The True Spirit, après avoir papillonné sur différentes expériences avec d’autres artistes. C’est un peu comme Nick Cave retrouvant ses Bad Seeds, une comparaison qui tombe à propos puisqu’on sait qu’Hugo Race commença sa carrière en 1983 en faisant partie des Bad Seeds.

Depuis cette époque, Hugo Race a fait son chemin, jamais avare d’expériences et de voyages. Avec son True Spirit, il en est à 18 albums (si on compte quelques live, dont le très édifiant ʺLive in Brussels 1992ʺ, sorti en 2015). Le dernier album studio ʺThe spiritʺ était sorti aussi en 2015 et depuis lors, Hugo Race avait bouclé quelques opérations parallèles avec Hugo Race & Fatalists (ʺ24 hours to nowhereʺ, 2016), avec Michelangelo Russo (ʺJohn Lee Hooker´s World Todayʺ, 2017), Catherine Graindorge (ʺLong Distance Operatorsʺ, 2017), DirtMusic (ʺBu bir ruyaʺ, 2018) et Gemini 4 (ʺGemini 4ʺ, 2019).

La nouvelle livraison d’Hugo Race & The True Spirit s’appelle ʺStarbirth / Stardeathʺ. C’est un double album qui est une nouvelle occasion de compléter la palette des atmosphères musicales qu’Hugo Race est capable de développer. Cette année, l’ambiance est au flottement dans les airs, à la rêverie et à l’espace. Après tout, le thème de l’album concerne les étoiles et il faut dire que l’atmosphère générale du disque correspond bien à l’allure cosmique des chansons. La voix d’Hugo Race apparaît lointaine, comme surélevée au-dessus des instruments. Lesdits instruments servent la cause de morceaux aux tempos assez lents, d’humeur dansante (ʺCan’t make this upʺ) ou alourdis par d’épaisses notes de synthétiseurs (ʺ2dead2feelʺ). Ça, c’est pour le début de l’album mais les choses ne vont pas tarder à s’alléger et à s’enrober de tendresse, comme l’annonce la ballade ʺDarksideʺ. La voix d’Hugo Race est toujours plus en suspension, teintée d’un doux éraillement ou fondue dans un tunnel de réverbération sur un ʺEmbryoʺ à la fois hispanisant et saturnien.

La seconde partie de ce premier album sera plus hantée encore, quasiment crépusculaire, avec des morceaux habités comme ʺHeavenly bodiesʺ, un ʺOnly moneyʺ qui semble sorti d’une musique d’un vieux polar italien des années 70 ou un ʺHoly ghostʺ agissant comme un vieux blues défiguré. Cette atmosphère terminale trouve sa manifestation la plus exacerbée sur le trio ʺUnitedʺ, ʺExpandableʺ et ʺThe raptureʺ, Hugo Race atteignant ici un niveau de détachement vocal proche de la disparition dans l’espace infini, sur fond de rythmes planants et récitant même le Notre Père en anglais sur ʺThe raptureʺ. C’est un bruitage de sons d’orage et d’aboiement qui annonce le dernier morceau ʺWhere does it endʺ, qui termine ce long processus de ralentissement et de désagrégation des mélodies, avec des séquences d’arpèges très espacés à la guitare et un chant toujours aussi lunaire.

Le second disque poursuit la même logique. Les sons en réverbération, les rythmes lents et les ambiances stellaires continuent d’entretenir l’atmosphère cosmique de l’œuvre. Plus électronique, plus dansant, beaucoup plus instrumental (Hugo Race chante désormais très peu), cette deuxième partie met en lice tout un entrelacs d’effets sonores, de poussées de synthétiseurs, entretenant toujours l’impression d’un bruit spatial, avec le frottement des étoiles et le déchirement des super novas. Des morceaux comme ʺAll we have is loveʺ ou ʺOnly honeyʺ ne sont pas près de nous faire redescendre sur terre. La variété des instruments mis en action (synthés, cuivres, effets électroniques, instruments à cordes) souligne la complexité et la richesse des compositions. Notons que le premier morceau du premier disque ʺCan’t make this upʺ revient en version instrumentale vers la fin du second sous le nom de ʺCan’t make shit upʺ en version remixée. Vers la fin de l’album, sous la suprématie instrumentale, on s’aperçoit que le chant, qui traînait encore de façon très résiduelle, a complètement disparu, comme si l’humain s’était effacé devant l’espace infini. Mais il y a en fait un retour du chant sur le dernier titre ʺSpiraleʺ, avec les mêmes bruits d’orage et de chiens que sur le premier disque, comme le bouclage d’une boucle et un retour à une position initiale.

De prime abord assez surprenant, ce disque dévoile toutes ses richesses au fil des écoutes. C’est un album d’introspection et de recueillement, à la douceur désinvolte et aux atmosphères langoureuses, où Hugo Race se montre à nouveau très attachant. Ce disque aurait cependant été simplement sympathique si la deuxième partie de l’album, beaucoup plus aventureuse et expérimentale, n’avait apporté en plus une touche de génie à l’ensemble.

Le groupe :

Hugo Race (chant, guitare, synthés)
Michelangelo Russo (harmonica, trombone, trompette, orgue Moog)
Nico Mansy (cordes, synthés, piano, guitares)
Brian Colechin (basse et chœurs)
Chris Hughes (guitare, batterie, synthés, percussion)
Brett Poliness (batterie, percussions, chant)

L’album :

“Starbirth”
ʺCan’t Make This Upʺ (05:09)
ʺ2Dead2Feelʺ (03:45)
ʺDarksideʺ (03:25)
ʺEmbryoʺ (05:22)
ʺHeavenly Bodiesʺ (03:50)
ʺOnly Moneyʺ (03:43)
ʺHoly Ghostʺ (03:41)
ʺEverydayʺ (03:45)
ʺUnitedʺ (01:45)
ʺExpendableʺ (05:43)
ʺThe Raptureʺ (04:03)
ʺWhere Does It Endʺ (02:58)

“Stardeath”
ʺDividedʺ (01:49)
ʺLove Is the Energyʺ (03:46)
ʺVirus Of The Mindʺ (06:22)
ʺAngels Whistleblowinʺ (05:32)
ʺAll We Have Is Loveʺ (05:30)
ʺHungry Ghostʺ (05:10)
ʺOnly Honeyʺ (04:13)
ʺCan’t Make Shit Upʺ (05:16)
ʺMy Little Warsʺ (03:55)
ʺEtheric Bodiesʺ (03:25)
ʺGnosisʺ (04:40)
ʺSpiraleʺ (03:02)

https://hugorace.bandcamp.com/album/star-birth-star-death
https://www.facebook.com/RoughVelvetRecords/

Pays: AU
Gusstaff Records
Sortie: 2020/10/16

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